L'ASN, qui a remis dans la matinée au premier ministre l'audit de sûreté demandé après la catastrophe de Fukushima du 11 mars dernier, a donné six mois aux exploitants de centrales pour lui présenter les mesures prévues en cas de catastrophe. Le but est notamment de maintenir la sûreté des installations en cas de catastrophe majeure (séismes, inondations, ou conjonction de plusieurs phénomènes extrêmes), de "limiter les rejets massifs dans un scénario d'accident" et de "permettre à l'exploitant d'assurer les missions qui lui incombent dans la gestion d'une crise".
Une sécurité qui aura un coût important pour les producteurs et qui devrait se répercuter sur le prix de l'électricité: "nous imposons des mesures qui se traduisent par des investissements massifs. Si des exploitants (...) jugent que ce qu'on demande est tellement onéreux, à eux de voir si l'exploitation en vaut encore la peine", a relevé le président de l'ASN, André-Claude Lacoste.
Un délai de six mois
André-Claude Lacoste donne aux exploitants (EDF, Areva, CEA, etc.) six mois pour lui détailler les mesures à prendre. Le gendarme du nucléaire demande en outre la mise en place progressive d'un dispositif d'urgence permettant d'envoyer des équipes spécialisées et du matériel sur un site accidenté en moins de 24 heures.
Le premier ministre, François Fillon, a assuré que le gouvernement veillerait à ce que "l'intégralité des demandes" de l'ASN soit respectée dans le calendrier qui est imposé aux exploitants. Après l'accident de Fukushima, le cas de la centrale de Fessenheim, la plus ancienne de France et proche de la Suisse entrée en service en 1977 - avait cristallisé la polémique sur la sécurité nucléaire, de nombreuses organisations écologistes en réclamant la fermeture.
Fessenheim: "pas de demandes spécifiques"
Interrogé mardi sur la centrale alsacienne, André-Claude Lacoste a expliqué qu'il n'y avait "pas de demandes spécifiques" pour elle au-delà de celles déjà préconisées à l'issue de la visite décennale. En juillet dernier, l'ASN avait estimé que l'exploitation du réacteur numéro 1 de cette centrale pouvait continuer dix années supplémentaires sous réserve de lourds travaux. Un avis qui n'intégrait toutefois pas les résultats des tests plus poussés demandés par le gouvernement après Fukushima.
Pour l'organisation anti-nucléaire Observatoire du nucléaire, cet audit de sûreté n'est qu'un "subterfuge au résultat déjà connu": l'ASN ne préconise aucune fermeture "malgré la dangerosité évidente de toutes les centrales". L'ASN "n'est absolument pas indépendante" et "joue au contraire le rôle qui lui a été confié par le gouvernement: faire croire à la population que la sûreté nucléaire peut être assurée", affirme l'organisation dans un communiqué.
ats/vkiss