B.Chagaev: "Ils veulent mettre Xamax en faillite"

Dans quel but avez-vous racheté le club?

Je n’avais aucun but. Mais à deux reprises, le président du Xamax (Sylvio Bernasconi) s'est adressé à moi et m'a dit à "le club est dans une situation difficile depuis déjà dix ans, en me disant je vous en prie vous ne le regretterez pas". (…)

Vous avez tout de suite senti des obstacles?

En Suisse la majorité des gens sont tolérants (…). Mais il y a une autre catégorie de personnes qui veut mettre en faillite Xamax et mettre les dettes des années précédentes sur le dos d’un Tchétchène. Et ensuite dire: "Regardez ce que font ces salauds!" Alors que tout a commencé non pas à cause d'un Tchétchène venu de Russie, mais parce qu'il y avait des malversations financières au sein du club (…). Quand je suis arrivé, j'ai rencontré l'un des gros sponsors qui donnait à l'équipe environ 7,5 millions de francs par an. Il m'a dit qu'il agissait au nom de tous les autres sponsors, qu'il avait travaillé en Russie et qu'il avait ses conditions… Je n’ai même pas voulu l'entendre. Pourquoi? Parce que je n’avais pas besoin de cet argent. (…)

Cela veut dire que vous aviez des informations sur des schémas financiers opaques au sein du club ?

Bien sûr. (…)

Qu’en est-il du conflit avec les collaborateurs que vous avez licenciés?

Quand j'ai repris le club il y avait 34 voitures en leasing. Le président d'honneur Gilbert Facchinetti en avait une. Cela nous coûtait 132'000 francs par mois. J'examine les compte et je vois que les dépenses étaient gonflées de 80%. Le directeur général (Philippe Salvi) avait une BMW, sa femme une autre, et les footballeurs n’avaient que quatre voitures. (…) Le club disposait de 23 appartements au prix de 3000 francs par mois, alors qu'à Neuchâtel on peut trouver pour 800 francs un appartement correct. (…) Et quand j’ai renvoyé tous ces managers, ils ont organisé un pogrom dans mon bureau, comme en Tchétchénie après un bombardement. Ils ont même cassé mes disques durs (…) J’ai aussi découvert que Xamax disposait de 18 comptes en banque.

Pourquoi ne pas porter plainte contre le management?

Je porterai plainte. Mais mon propre avocat (François Canonica) m'a trahi. Imaginez : il me téléphone en me disant "Si vous leur rendez leur "Bentley", en deux heures ils retireront leur plainte". J’ai répondu : "Tu es un commerçant ou mon avocat?"

Et à qui faudrait-il donner une Bentley?

A ceux qui veulent mettre en faillite Xamax et qui sont des affairistes dont Ralph Isenegger (…). J'ai porté plainte à Genève contre Isenegger le 27 septembre. Et Isenegger a porté plainte contre moi le 7 novembre (…). Le procureur de Genève m'a dit ensuite que ma plainte s'était perdue et qu'on l’avait ensuite retrouvée. Honteux! Ils comptaient sur le fait que je prenne la fuite. Mais ni moi ni ma famille ne sommes partis. (…)

Combien avez-vous dépensé jusqu'ici pour le club?

12 millions d'euros.

Et combien de temps prendront les procédures judiciaires?

Je pense qu'elles seront toutes terminées au printemps.

Ne vaudrait-il pas mieux vendre le club et s’épargner tous ces ennuis?

(…) Non je veux aller jusqu'au bout (…) Si je laisse tout tomber, cela sera la confirmation de ce qu'on écrit sur moi dans les journaux. Ils pourront dire que j'ai volé de l’argent, et que je le blanchis. Mais je leur dis: "Comment peut-on blanchir de l’argent d'un club qui n'a pas de sponsor. Comment blanchir de l'argent quand on est absolument seul? Comment?".

D’ou vient le faux document bancaire de la Bank of America concernant 35 millions de dollars?

Je l'ai découvert à la télévision. En plus un jour férié, afin que durant deux jours je ne puisse entreprendre aucune action. La Swiss Football League m'a demandé une garantie. J’ai dit au directeur sportif qu'il y avait différentes sortes de garanties. Mais pourquoi aurais-je donné quelque chose de la Bank of America?

Qui a fait ce faux document?

Ralph Isenegger.

Traduction: Agathe Duparc/RTS