"La présidence consiste à servir, et non pas à se servir". Moncef Marzouki endosse la fonction présidentielle avec la volonté de ne pas se laisser transformer par l'exercice du pouvoir. "Le pouvoir est une drogue, dont je me méfie de prendre plaisir", explique Moncef Marzouki. "J’essaie également de rester le plus proche des gens, d'aller les voir dans les quartiers populaires et d'ouvrir à la population l'accès au Palais de Carthage, autrefois symbole de la dictature".
Médecin, intellectuel, militant des droits de l’Homme et opposant historique au président déchu Ben Ali, Moncef Marzouki occupe aujourd'hui le fauteuil de celui qui l'avait envoyé en prison et forcé à l’exil.
Concernant la coalition avec le parti des frères musulman de Rached Ghannouchi, Moncef Marzouki pense que la peur de l'Occident n'est pas justifiée. Pour lui, la Tunisie n'est pas tombée dans l'escarcelle de l'islamisme. Elle est gouvernée par une Troïka: deux partis laïques et un parti conservateur islamique. "Les gens d'Ehnnada sont l'équivalent d'un parti chrétien démocrate en Italie, un parti conservateur avec quelques références à la religion, mais qui accepte le jeu démocratique", relève le nouveau président.
La Tunisie modèle pour les révolutions arabes ?
"La Tunisie a vécu une révolution pacifique, en comparaison avec la Libye ou l’Egypte". Moncef Marzouki compte liquider les anciennes structures institutionnelles sans violence. "Je préfère la justice transitionnelle à la justice tout court". Le nouveau président tunisien compte ainsi sur des élections libres et démocratiques pour soutenir la reconstruction du pays. "De nombreux peuples arabes sont en train de regarder à la loupe cette expérience", conclut-il.
Frédéric Pfyffer /rg
La voix des blogueurs
Ils ont appelé à la révolution sur les réseaux sociaux et initié le printemps arabe. Les blogueurs tunisiens militent désormais pour plus de transparence au sein du nouveau gouvernement. Un enjeu politique à l'heure où l'assemblée constituante se penche sur son règlement interne.
Blogueur emblématique de la révolution de jasmin, Slim Amamou, alias slim404, explique à Raphaël Grand son combat pour intégrer les citoyens dans la reconstruction de la Tunisie. Retrouvez son interview ci-dessus.