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Afrique du sud: l'ANC fête son centenaire

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L'ANC, le Congrès national africain, célèbre son centenaire. - [Kim Ludbrook]
Le Congrès national africain (ANC), au pouvoir en Afrique du Sud, a fêté dimanche son centième anniversaire avec un grand meeting à Bloemfontein (centre). Dans son discours, le président Jacob Zuma a rappelé l'objectif fondamental d'une société multiraciale, où toutes les communautés vivraient en harmonie.

"Ce n'est pas une célébration seulement pour l'ANC et ses membres, c'est une célébration joyeuse pour tous les Sud-Africains qui, avec le soutien de tout le continent (africain) et du monde entier, ont détruit l'oppression coloniale et l'apartheid pour réaliser le rêve d'une Afrique du Sud libre, démocratique, multiraciale, non sexiste et prospère", a lancé le président.

"La route a été longue depuis 1652, quand les colons européens sont arrivés dans ce pays, a rappelé Jacob Zuma. Mais maintenant que tous les Sud-Africains ont obtenu le droit de vote." Jacob Zuma a rappelé cet objectif d'une société multiraciale. Il a notamment cité la Charte de la liberté, texte fondateur signé en 1955 par l'ANC et d'autres mouvements anti-apartheid: "L'Afrique du Sud appartient à tous ceux qui y vivent, Noirs et Blancs".

"Il est remarquable que ce pays ait pu connaître une lutte multiraciale contre un régime qui avait institutionnalisé le racisme", a-t-il d'ailleurs noté. "L'ANC, une force disciplinée de gauche, avec une attention particulière pour les besoins des plus pauvres, est aussi une grande église", a-t-il souligné.

"Plus jamais en Afrique du Sud vous ne verrez ces écriteaux: 'Européens seulement', 'Non-Européens seulement', 'Non-Européens et chiens interdits'. Toute l'Afrique du Sud est libre, maintenant. Nous avons notre dignité, en tant qu'êtres humains", a commenté Ahmed Kathrada, un vétéran du parti qui fut emprisonné par les anciennes autorités blanches aux côtés de Nelson Mandela.

100 millions de rands au total

La fête avait commencé dimanche par un service oecuménique mélangeant politique et religion dans la petite église de Bloemfontein où fut fondé l'ANC - à l'époque Congrès national indigène sud-africain (SANNC) - le 8 janvier 1912. Les fêtes du centenaire de l'ANC ont coûté 100 millions de rands (quelque 11,68 millions de francs).

Les célébrations de samedi s'étaient achevées dans cette même église par une petite messe de minuit, après que Jacob Zuma y eut allumé la flamme du centenaire, bénie par le prix Nobel de la paix Desmond Tutu. Un spectacle résumant les cent ans de l'ANC en cent minutes était prévu après le discours de Jacob Zuma. Sans oublier un gros gâteau d'anniversaire. Le parti attendait 100 000 personnes, une foule habillée des couleurs de l'ANC - jaune, vert, noir - venue de tous le pays.

Douzaine de chefs d'Etat

Si l'ANC n'a pas réuni 46 chefs d'Etat comme annoncé, elle en a quand même accueilli une bonne douzaine, notamment le roi du Lesotho voisin ou les présidents du Congo, de Madagascar, du Mozambique, de Namibie, de l'Ouganda ou de Zambie.

Les messages de félicitations arrivaient pour ce centenaire du plus vieux mouvement de libération d'Afrique, du président français Nicolas Sarkozy au Premier ministre David Cameron en passant par le père de l'indépendance zambienne Kenneth Kaunda. Icône de l'ANC, l'ancien président Nelson Mandela, âgé de 93 ans et dont la santé est fragile, n'a pas fait le déplacement.

La fête avait débuté vendredi par un tournoi de golf et s'était prolongée samedi avec des sacrifices traditionnels, notamment d'un taureau noir à l'aide d'une sagaie devant un aéropage d'"excellences", pour éloigner les mauvais esprits ainsi qu'apaiser les âmes et s'attirer les bonnes grâces des ancêtres. Samedi, un spectacle de chants et danses et un dîner de gala ont aussi eu lieu.

ats/vkiss

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Zuma contesté

Jacob Zuma, qui souhaite se succéder à lui-même au congrès de décembre prochain, est ouvertement contesté par une partie de sa base, et notamment pas la Ligue de jeunesse de l'ANC, qui critique la lenteur de la transformation du pays après dix-sept ans passés au pouvoir, alors que plus du quart de la population est sans travail et que des millions de personnes vivent encore dans des bidonvilles.

Julius Malema, le président de la Ligue, attaque régulièrement les Blancs qui ont gardé l'essentiel du pouvoir économique, et réclame sans relâche nationalisation des mines et saisie des fermes exploitées par les agriculteurs blancs.