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Amnesty craint un prolongement du printemps arabe

Hosni Moubarak et Zine el-Abidine Ben Ali ont été les deux premiers dirigeants à faire les frais du printemps arabe. [Tunisian Presidency Press/AFP]
Hosni Moubarak et Zine el-Abidine Ben Ali ont été les deux premiers dirigeants à faire les frais du printemps arabe. - [Tunisian Presidency Press/AFP]
Le recours à la violence pour réprimer la contestation dans les pays arabes risque de se prolonger en 2012, estime Amnesty international dans un rapport. Certains régimes sont en effet déterminés à rester au pouvoir coûte que coûte, à l'image de la Syrie.

"Les mouvements de protestation dans la région, menés dans de nombreux cas par des jeunes, les femmes y tenant un rôle central, ont montré une résistance étonnante face à une répression parfois stupéfiante", a indiqué lundi Philip Luther, directeur par intérim d'Amnesty pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.

"Mais la persistance de certains Etats à vouloir tenter d'offrir des changements cosmétiques ou de tout simplement brutaliser leur population pour la soumettre prouve que pour beaucoup de gouvernements, la survie du régime reste leur objectif", a-t-il ajouté.

Trois chefs d'Etat déchus, bientôt quatre

Les révoltes qui ont éclaté en 2011 dans le monde arabe après le suicide d'un jeune vendeur de légumes tunisien ont conduit à la chute du président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali et du chef d'Etat égyptien Hosni Moubarak, ainsi qu'au décès du leader libyen Mouammar Kadhafi.

La vague de contestation a également touché la Syrie, en proie à une révolte contre le régime de Bachar al-Assad depuis mars, et a conduit au départ prochain du président yéménite Ali

10 22 kadhafi key [KEYSTONE - Mohammed Ballas]
10 22 kadhafi key [KEYSTONE - Mohammed Ballas]

Abdallah Saleh (voir ci-contre).

Pour Amnesty International, "ce qui a été frappant au Proche-Orient l'année dernière c'est que, hormis quelques exceptions, les changements ont eu lieu largement grâce aux efforts des habitants de ces pays qui sont descendus dans la rue".

Pas d'amélioration en Egypte

Mais dans son rapport de 80 pages, Amnesty dénonce aussi les violations des droits de l'Homme commises en Egypte par le pouvoir militaire en place pour assurer l'intérim depuis le départ d'Hosni Moubarak, estimant qu'elles sont pires par certains aspects que sous le régime de l'ex-président et mettant en garde contre des restrictions à la liberté d'expression.

"L'armée et les forces de sécurité ont réprimé violemment des manifestations, faisant au moins 84 morts entre octobre et décembre 2011. La torture en détention s'est poursuivie, et le nombre de civils traduits devant la justice militaire a été plus élevé en un an qu'en 30 ans de régime Moubarak", affirme Amnesty.

Le rapport critique également les autorités par intérim en Libye pour le manque de contrôle exercé sur les brigades armées qui ont participé à la chute de Kadhafi ou pour l'absence de

Bachar al-Assad a réaffirmé son intention de mener des réformes dans son pays. [AFP - Télévision syrienne]
Bachar al-Assad a réaffirmé son intention de mener des réformes dans son pays. [AFP - Télévision syrienne]

procès de quelque 7000 personnes détenues dans des centres de fortune tenus par des brigades.

Le cas syrien inquiète

L'organisation basée à Londres a par ailleurs souligné l'attitude d'autres gouvernements de la région, nomment en Syrie, qui restent "fermement déterminés" à s'accrocher au pouvoir, "parfois quel qu'en soit le prix en vies humaines et en dignité".

Amnesty a accusé l'armée et les services de renseignement syriens de commettre "des meurtres et des tortures s'apparentant à des crimes contre l'humanité, dans une vaine tentative de terrifier les protestataires et opposants (pour les réduire) au silence et à la soumission".

Selon l'organisation, à la fin 2011, il a été fait état de plus de 200 cas de personnes mortes en garde à vue, un chiffre 40 fois supérieur à la moyenne annuelle des dernières années dans ce pays.

afp/boi

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Amnistie pour Ali Abdallah Saleh

Le gouvernement d'entente nationale du Yémen a approuvé un projet de loi d'amnistie pour le président Ali Abdallah Saleh, qui dirige le pays depuis 33 ans.

Cette mesure a ouvert la voie à son départ conformément à un accord de transition pour mettre fin au mouvement de contestation de son régime.

Le gouvernement a approuvé un projet de loi prévoyant qu'Ali Abdallah Saleh et ses proches "ayant travaillé avec lui dans tous les secteurs, civil, gouvernemental et militaire, bénéficient d'une amnistie empêchant toute poursuite judiciaire", selon un communiqué diffusé par l'agence SABA.

Le cabinet d'entente nationale, dirigé par l'opposition, a soumis le projet de loi "concernant tous les actes commis avant sa promulgation" au Parlement pour ratification.

En novembre, Ali Abdallah Saleh a signé un accord sous l'égide des monarchies du Golfe, pour mettre fin à une crise politique dans ce pays, le plus pauvre au monde.