"L'Occident a décidé de faire davantage pression sur nous. Ils insultent notre pays et notre peuple. Il est clair que le peuple iranien résistera", a déclaré le chef de l'Etat iranien à Quito. "Le nucléaire est une excuse politique. Tout le monde sait que l'Iran ne cherche pas à fabriquer des bombes atomiques", a ajouté Mahmoud Ahmadinejad, selon la traduction espagnole de ses propos en farsi.
Cette tournée régionale est intervenue dans un climat de vives tensions entre l'Iran et les Occidentaux, alors que l'Agence internationale de l'Energie atomique (AIEA) a confirmé le début, cette semaine, de l'enrichissement d'uranium à 20 % dans son nouveau site à Fordo (150 km au sud-ouest de Téhéran).
Freiner la "folie impérialiste"
Pendant ce temps, Mahmoud Ahmadinejad a obtenu le soutien des dirigeants du Venezuela, du Nicaragua, de Cuba puis de l'Equateur, quatre pays hostiles aux Etats-Unis qui se sont rapprochés ces dernières années de l'Iran, particulièrement le Venezuela, dont le président Hugo Chavez s'est rendu à neuf reprises à Téhéran en 13 ans.
"Il y a la volonté de continuer à travailler ensemble (...) pour freiner la folie impérialiste" qui prétend "contrôler la planète", a dit lundi Hugo Chavez après lui avoir rendu les honneurs militaires et avant de l'assurer de sa "solidarité". Au Nicaragua, Mahmoud Ahmadinejad a aussi obtenu l'appui du président Daniel Ortega, pour qui "les pays ont le droit de développer l'énergie atomique".
Critique contre l'AIEA
A Cuba, il a assuré mercredi avec le président Raul Castro l'engagement de leurs pays en faveur de "la défense de la paix, du droit international et des principes de la Charte des Nations unies, ainsi que pour le droit de tous les Etats à l'usage pacifique de l'énergie nucléaire", selon un communiqué officiel diffusé par les autorités cubaines.
Le président équatorien Rafael Correa a de son côté estimé que l'AIEA devait réviser ses méthodes d'évaluation. Le rapport de l'AIEA concluait que "l'Iran développe des armes nucléaires, ce que l'Iran a toujours nié et nous le croyons", a-t-il déclaré.
Le problème de l'indépendance
"Comment peut-on accepter ce genre d'informations se basant sur des sources secondaires et qui concluent, je cite, que l'Iran est en train de développer des armes nucléaires", a déclaré le président équatorien à l'issue d'une réunion de plus de cinq heures avec Mahmoud Ahmadinejad. "Le problème posé par l'Iran n'est pas son programme nucléaire. Le problème est posé par (son) progrès et (son) indépendance", a dit à Quito le président iranien.
L'éventuel enrichissement d'uranium au-delà du seuil de 20 % inquiète les opposants au programme iranien qui notent que si l'enrichissement est poussé à plus de 90 %, il peut servir à fabriquer l'arme atomique.
agences/vkiss
Obsèques du scientifique assassiné
L'Iran organise vendredi à Téhéran des obsèques officielles pour son savant nucléaire Mostafa Ahmadi Roshan, dont l'assassinat a exacerbé les tensions entre Téhéran et les pays occidentaux, ont rapporté les médias iraniens. Les obsèques auront lieu après la prière du vendredi, dirigée par l'ayatollah Mohammed Emami Kashani, avant la mise en terre du scientifique nucléaire dans un cimetière du nord de Téhéran, a rapporté le site de la télévision d'Etat.
Mostafa Ahmadi Roshan a été tué mercredi dans l'explosion d'une bombe magnétique placée sur sa voiture en plein centre de la capitale, un attentat que l'Iran a imputé aux Etats-Unis et à Israël. Trois autres scientifiques, dont deux impliqués dans le programme nucléaire, ont été assassinés dans des actions similaires en Iran depuis janvier 2010. Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a accusé les services de renseignements américains et israéliens d'être derrière l'attentat et a promis "de punir ceux qui ont commis ce crime".
L'Iran accepte une visite d'inspecteurs
L'Iran a accepté la visite sur son territoire d'inspecteurs de l'AIEA, qui aura lieu probablement fin janvier, dans le but de clarifier les accusations sur une possible visée militaire du programme nucléaire de Téhéran, ont indiqué des diplomates vendredi.
La visite, menée par l'inspecteur en chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Herman Nackaerts doit avoir lieu "probablement" le 28 janvier, mais cela n'est pas définitif, a indiqué un diplomate occidental à l'AFP.
Un autre diplomate a indiqué que le déplacement, organisé deux mois après qu'un rapport de l'agence onusienne a renforcé les soupçons sur le développement d'armes nucléaires par Téhéran, interviendra "très probablement" lors de la dernière semaine de ce mois-ci.