Réagissant aux soupçons de "manipulation" et aux éléments jugés "troublants" par Paris dans la mort du journaliste français Gilles Jacquier, l'envoyé spécial de La Liberté en Syrie Sid Ahmed Hammouche met en cause le régime de Bachar al-Assad. Dans les colonnes de son journal samedi, il juge qu'il s'agit d'un "crime d'Etat".
Zones d'ombre
Vendredi, le parquet de Paris a décidé d'ouvrir une enquête pour homicide volontaire après la mort du journaliste de France Télévision. Pour le reporter suisse, accompagné à Homs par un autre journaliste romand, Patrick Vallélian de L'Hebdo, l'une des zones d'ombre précédant la mort de son confrère concerne l'attitude des militaires syriens.
Ceux-ci "nous ont incités à aller vers l'impact après l'explosion du deuxième obus en se gardant bien d'y aller eux-mêmes", explique Sid Ahmed Hammouche. Lorsqu'une troisième détonation d'obus s'est fait entendre, le même soldat a répété au journaliste suisse de se diriger vers l'impact, ce qu'il a refusé de faire.
Plusieurs enquêtes
Ce dernier s'étonne également samedi d'avoir entendu des "meneurs inciter la télévision belge à se rendre dans la zone" où le journaliste français a perdu la vie. Sid Ahmed Hammouche a préféré, conclut-il, "faire le contraire" de ce que l'indicateur lui disait. Il est ainsi resté avec les militaires. "Eux n'étaient pas visés par les tirs", explique-t-il samedi.
Vendredi, plusieurs rassemblements ont rendu hommage au journaliste français tué. Pour l'heure, aucun témoin n'a pu établir si l'obus qui l'a tué sur le coup a été tiré par un rebelle ou par l'armée régulière. Damas a annoncé jeudi la création d'une commission d'enquête pour faire la lumière dans cette affaire. Le Parquet de Paris a également ouvert une enquête pour homicide volontaire.
ats/dk
"On nous a tendu un piège", estime un journaliste français
La version des faits rapportée par Sid Ahmed Hammouche est confirmée par un autre journaliste dans les colonnes du journal français Le Parisien.
"Je crois qu'on nous a tendu un piège", affirme dans une interview Jacques Duplessy, un reporter free-lance qui faisait partie lui aussi du convoi attaqué mercredi.
"On a voulu tuer du journaliste", ajoute Jacques Duplessy, qui demande une enquête internationale pour faire la lumière sur les circonstances exactes du drame.