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Hollande voudrait un nouveau traité franco-allemand

Pour le socialiste François Hollande, "c'est une politique qui a été dégradée, pas la France". [Yoan Valat]
"La France doit retrouver l'ambition de changer l'orientation de l'Europe", a encore souligné François Hollande tout en attaquant le monde de la finance. - [Yoan Valat]
Le candidat socialiste à la présidentielle en France, François Hollande, a déclaré dimanche qu'il proposerait en janvier 2013 un "nouveau traité franco-allemand" à la chancelière Angela Merkel s'il était élu président. Il a aussi fustigé le monde de la finance lors de son premier grand meeting de campagne tenu au Bourget.

Le candidat socialiste et principal adversaire de Nicolas Sarkozy à la présidentielle a prononcé un discours combatif et marqué à gauche, tenu devant 25'000 personnes au Bourget près de Paris à l'occasion de son premier grand meeting de campagne.

Il faut "ouvrir un nouveau cycle en Europe, celui d'une coopération économique, industrielle, énergétique entre nos deux pays", a estimé François Hollande. "Voilà pourquoi, en janvier 2013, (...) je proposerai à la chancelière d'Allemagne, l'élaboration d'un nouveau traité franco-allemand", a-t-il déclaré. "L'Europe est notre bien commun" et "c'est la vocation de la France que de la construire avec l'Allemagne et avec les pays qui voudront nous accompagner", a-t-il poursuivi. "La France doit retrouver l'ambition de changer l'orientation de l'Europe", a-t-il encore souligné. "

L'Europe au coeur du discours

Sur le plan européen, mon premier déplacement (de président s'il est élu, ndlr) sera pour rencontrer la chancelière d'Allemagne et pour lui dire que nous devons ensemble changer l'orientation de l'Europe dans la croissance et dans le lancement de grands travaux".

"Ce qui manque à l'Europe, c'est du mouvement", a encore fait valoir François  Hollande. "Je proposerai donc à nos amis allemands une nouvelle relation de vérité. De leur côté, ils devront faire preuve de solidarité. L'Allemagne ne restera pas forte dans une Europe faible. Elle ne restera pas riche dans une Europe appauvrie, voilà la vérité", a-t-il clamé.

Moteur européen grippé par la crise

La solidité du couple franco-allemand, moteur de la construction européenne depuis un demi-siècle, est mis à mal par la crise de l'euro. La France et l'Allemagne sont unis depuis 1963 par le traité de l'Elysée signé entre le président Charles de Gaulle et le chancelier allemand Konrad Adenauer.

Ce traité bilatéral fixe les objectifs d'une coopération accrue entre les deux pays dans les domaines des relations internationales, de la défense et de l'éducation. Pour les précisions, il faudra attendre jeudi matin, jour où sera présentée la "plateforme présidentielle", avec des "éléments chiffrés".

Le monde de la finance fustigé

François Hollande a aussi attaqué  le "monde de la finance", "adversaire" du peuple. Définissant "le monde de la finance" comme son "véritable adversaire qui n'a jamais été élu et ne sera pas candidat", il s'est attaché à démentir ceux qui lui reprochent de ne pas être assez à gauche. "Je serai le président de la fin des privilèges", a-t-il martelé.

Le candidat a également évoqué les grandes figures du Panthéon de la gauche française, comme le seul président socialiste français, François Mitterrand, et l'ancien Premier ministre Pierre Mendès France.

Education et justice comme priorités

Il a réaffirmé ses grandes priorités: éducation et jeunesse, justice avec une grande réforme fiscale, redressement fondé sur un pacte productif et de croissance alors que la France s'enfonce dans la crise et a vu sa note dégradée d'un cran par l'agence de notation financière Standard and Poor's.

Raillé par la droite pour son absence d'expérience dans un gouvernement, François Hollande s'est contenté jusqu'à présent de surfer sur l'impopularité record de Nicolas Sarkozy. Après plusieurs couacs sur certaines mesures du candidat, qui ont donné des armes à la majorité présidentielle pour critiquer le flou supposé de son programme, l'entourage de Hollande veut croire avec ce premier meeting à l'entrée dans "une nouvelle séquence".

afp/olhor

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Le favori des sondages

Favori des sondages depuis plusieurs mois, le principal candidat de l'opposition est crédité de 28% à 30% des intentions de vote, devant Nicolas Sarkozy, qui doit rendre officielle sa candidature vers la fin février (23-24%), la chef de file de l'extrême droite Marine Le Pen (18-20%) et le candidat centriste François Bayrou, à 12-14%.

Mais alors que la cote de François Hollande s'érode lentement et que Nicolas Sarkozy reste très impopulaire (63% de jugements défavorables), Marine Le Pen et François Bayrou ne cessent de progresser. Marine Le Pen a en partie réussi à débarrasser son parti, le Front national, de son image de mouvement xénophobe. Son discours dur sur l'islam et l'immigration et le discrédit des élites dans une France en crise économique et identitaire lui donnent un écho de plus en plus important.

Quant au candidat centriste, il est passé de 7% des intentions de vote en décembre à 14% mi-janvier et les sondeurs évoquent désormais une "dynamique Bayrou".