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Hollande prend 60 engagements pour la France

Pour le socialiste François Hollande, "c'est une politique qui a été dégradée, pas la France". [Yoan Valat]
"La France doit retrouver l'ambition de changer l'orientation de l'Europe", avait souligné François Hollande lors de son premier grand meeting de campagne. - [Yoan Valat]
Le candidat socialiste à la présidentielle française, François Hollande, a pris jeudi "60 engagements pour la France" dont le coût atteindra 20 milliards d'euros en 2017, avec une profonde réforme de la fiscalité, des mesures en faveur des petites et moyennes entreprises (PME) et des propositions sur l'éducation et la jeunesse.

Dans un document de quelque 40 pages que l'AFP s'est procuré, le candidat socialiste à l'Elysée affirme que les "mesures nouvelles" liées à ses "priorités" coûteront, au terme d'une montée en charge progressive, jusqu'à "20 milliards d'euros à l'horizon 2017", dernière année de son quinquennat s'il est élu en mai.

Côté recettes, son projet prévoit l'annulation de 29 milliards d'euros de niches fiscales, "équitablement répartis entre les ménages et les entreprises". Le candidat, qui a fait de l'éducation et la jeunesse sa priorité, réaffirme la création de 60'000 postes dans ce secteur sur 5 ans. Il veut aussi augmenter de 25% "l'allocation de rentrée scolaire", une aide aux familles, dès septembre.

Réforme fiscale

Sur le plan économique, François Hollande confirme des mesures-phare: une grande réforme fiscale et la création d'une "tranche supplémentaire de 45% pour les revenus supérieurs à 150'000 euros par part". Il donne la "priorité" aux PME, avec la création d'une Banque publique d'investissement et une refonte de l'impôt sur les sociétés au profit de ces entreprises. Il précise aussi les contours du nouveau "livret d'épargne industrie" entièrement dédié au financement des PME, conjugué avec le doublement du plafond du "livret développement durable", autre plan d'épargne populaire, qui passera de 6000 à 12'000 euros.

Taxation des banques

Est aussi prévue une augmentation de 15% de la taxation des bénéfices des banques. Le projet confirme aussi, pour les banques, la séparation de leurs activités (investissement et emploi/opérations spéculatives). Certaines mesures, inspirées du projet du Parti socialiste (PS) adopté en mai, sont revues à la baisse.

L'éducation et la jeunesse prioritaire

Hollande veut ainsi créer 150'000 emplois pour l'insertion des jeunes, quand le projet PS en prévoyait 300'000. Il entend aussi créer 1000 emplois au sein de l'ensemble justice, police, gendarmerie chaque année pendant 5 ans, alors que le projet PS prévoyait le recrutement de 10'000 gendarmes et policiers sur le quinquennat.

Par ailleurs, Hollande confirme la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim (est), répète qu'il veut "ouvrir le droit au mariage et à l'adoption aux couples homosexuels" ou qu'il accordera le droit de vote aux élections locales aux étrangers.

agences/olhor


LES MESURES PHARES

EMPLOI:

- création de 150'000 emplois d'avenir pour favoriser l'insertion des jeunes, en priorité dans les quartiers populaires.

FONCTION PUBLIQUE:

- 60'000 postes supplémentaires dans l'éducation en cinq ans, au rythme de 12'000 par an - création chaque année de 1000 postes supplémentaires dans la justice, la police et la gendarmerie

- stabilité des effectifs de la fonction publique

REFORME FISCALE

- suppression de niches fiscales accordées depuis dix ans aux ménages les plus aisés et aux plus grosses entreprises, pour dégager 29 milliards de recettes supplémentaires pour le budget de l'Etat - fusion à terme de l'impôt sur le revenu et de la CSG (Contribution sociale généralisée)

- création d'une tranche supplémentaire taxée à 45% pour les revenus supérieurs à 150'000 euros par part

RETRAITE:

- François Hollande veut permettre à ceux qui auront cotisé toutes leurs annuités de prendre leur retraite à 60 ans à taux plein. Il promet d'ouvrir des négociations avec les partenaires sociaux l'été prochain pour discuter âge de la retraite, pénibilité, montant des pensions.

LOGEMENT:

- encadrement des loyers dans les zones où les prix sont excessifs - objectif de construction de 2,5 millions de logements intermédiaires, sociaux et étudiants, dont 150'000 logements "très sociaux", au cours du quinquennat.

- François Hollande veut porter à 25% (au lieu de 20% actuellement) les exigences en matière de logement social, et quintupler les sanctions pour les communes ne respectant pas leurs obligations.

NUCLEAIRE:

- réduction de la part du nucléaire dans la production d'électricité de 75 à 50% à l'horizon 2025. Fermeture de la centrale de Fessenheim, mais achèvement du chantier de l'EPR de Flamanville (Manche).

DEMOCRATIE:

- inscription de la loi de 1905 sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat dans la Constitution

- réduction de 30% de la rémunération du président de la République et des ministres

- loi sur le non-cumul des mandats

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Premières critiques

Les 60 propositions avancées par François Hollande sont irréalistes sur le plan économique, estime le candidat du MoDem à la présidentielle, François Bayrou: "on ne reviendra pas à l'équilibre avec ce programme-là. Ce n'est pas vrai, ce n'est pas imaginable. Il n'y a pas dans ce programme une seule mesure d'économie", a souligné jeudi François Bayrou. "Ce programme est très éloigné de ce qu'il faudrait pour qu'on ait un retour à l'équilibre crédible", a poursuivi le leader centriste.

Pour Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche, le programme de Hollande n'est qu'"un filet d'eau tiède". Il s'est néanmoins félicité que les propos tenus dimanche dernier contre la finance par le candidat socialiste à la présidentielle aient permis de le "désenclaver", lui et son parti, dans le débat politique.