Les tenants de cette "résistance", dont les modalités restent à préciser, s'opposent d'ores et déjà à une vague d'arrestations de responsables et partisans du Mouvement du 23 juin (M23), qui regroupe partis d'opposition et organisations de la société civile à la pointe du combat contre la candidature de Wade.
"Nous nous organisons pour faire face par une résistance contre l'oppression, et nous avons lancé un mot d'ordre à l'ensemble des Sénégalais de se tenir prêts à (y) faire face", a déclaré à la presse Macky Sall, un des dirigeants du M23, candidat à la présidentielle, à l'issue d'une réunion avec d'autres leaders du mouvement.
Il faut "tout mettre en oeuvre pour que Wade retire sa candidature, parce qu'il n'est pas question qu'il prenne part" au scrutin présidentiel du 26 février, a-t-il ajouté. "C'est tout à la fois les marches, les sit-in, la résistance", mais "pas la violence".
Mouvement de jeunes
Dans un communiqué, le mouvement "Y'en a Marre", formé de jeunes, a aussi annoncé s'organiser pour manifester. Il a appelé à "faire face à cette forfaiture jusqu'à ce que le droit soit rétabli, et que la candidature d'Abdoulaye Wade soit invalidée".
Selon le M23, des "dizaines" de ses militants et responsables ont été arrêtés samedi dans tout le pays, dont son coordonnateur, Alioune Tine, célèbre défenseur des droits de l'Homme en Afrique, qui se trouvait samedi soir dans des locaux de la police à Dakar. Il a été arrêté sans mandat d'amener et était interrogé depuis la fin de l'après-midi, a indiqué dans un communiqué la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme (Raddho), une ONG qu'il préside.
N'Dour "malmené"
Le chanteur Youssou N'Dour, dont la candidature a été rejetée par le Conseil constitutionnel, a été "malmené" par des policiers alors qu'il se rendait à la police pour soutenir Alioune Tine, selon un de ses porte-parole, Doudou Sarr.
Devant la presse, N'Dour a lui-même fait état samedi à Dakar de "menaces" contre sa personne physique, sans fournir de détails. Il a toutefois mis en garde: "Je n'ai jamais appelé à la violence, mais je vous dis, je ne contrôle plus mes militants".
L'annonce, vendredi soir, de la validation de la candidature contestée de Wade avait été suivie de protestations marquées par des violences dans plusieurs quartiers de Dakar mais aussi dans des villes de provinces. Un policier a été tué lors des troubles - "d'un jet de brique", selon le gouvernement, qui a annoncé avoir ouvert une enquête sur ce "crime odieux".
Samedi, le calme était revenu à Dakar, où des forces de l'ordre demeuraient cependant déployées sur des artères et axes stratégiques.
ats/pima
Treize candidatures validées
Outre celle de Wade, le Conseil a validé treize autres candidatures (sur 17 présentées) dont celles de deux femmes. Parmi elles, la couturière Diouma Diakhaté, ayant comme clientes certaines Premières dames d'Afrique.
Les candidats avaient jusqu'à samedi soir pour déposer des recours auprès du Conseil. Huit opposants l'ont fait contre Wade qui a, lui, saisi le Conseil contre certains d'entre eux. N'Dour a déposé une requête séparée contre le rejet de sa candidature.
Elu en 2000, réélu en 2007 pour cinq ans après une révision constitutionnelle de 2001 instituant un quinquennat renouvelable une fois, Abdoulaye Wade se représente pour sept ans après le rétablissement du septennat en 2008, à la suite d'une nouvelle révision constitutionnelle. Ses opposants jugent sa candidature anticonstitutionnelle.