Lors de sa prestation diffusée en direct par au moins six chaînes, du jamais vu, Nicolas Sarkozy a dit s'exprimer dimanche soir "en tant que chef de l'Etat pour rendre des comptes aux Français", et non en tant que candidat à sa réélection, sans faire grand mystère de ses intentions, même s'il ne s'est toujours pas officiellement déclaré.
"J'ai un rendez-vous avec les Français, je ne me déroberai pas, et franchement, ça approche", a-t-il dit, faisant référence au 16 mars, date limite de dépôt des candidatures pour l'élection présidentielle.
Hausse de la TVA
Il a ainsi a indiqué que le gouvernement proposerait d'augmenter de "1,6 point (de pourcentage) la TVA" pour compenser un allègement des charges sociales pesant sur les entreprises."
Il a insisté sur le fait que sa réforme de la protection sociale, visant à faire peser son coût davantage sur la consommation et moins sur le travail, était inspirée par l'action du chancelier social-démocrate allemand Gerhard Schröder.
Le taux normal de TVA passera à 21,2%, ce qui permettra de financer des exonérations de charges de 13 milliards d'euros.
Taxation financière en août
Le président français a également annoncé que la France se doterait en août d'une taxe de 0,1% sur les transactions financières.
Il a été "pris la décision de créer une taxe sur les transactions financières", a déclaré Nicolas Sarkozy, espérant ainsi "créer un choc" et entraîner par la suite les autres pays européens qui y sont jusqu'à présent hostiles.
Le président français a par ailleurs prétendu voir une amélioration sur le front de la crise de la zone euro. "Les éléments d'une stabilité de la situation financière du monde et de l'Europe sont posés", a-t-il déclaré. "L'Europe n'est plus au bord du gouffre", a-t-il estimé, à la veille d'un sommet européen à Bruxelles.
Création d'une "banque de l'industrie"
Nicolas Sarkozy a aussi annoncé la création dès février, avec une dotation d'un milliard d'euros de fonds propres, d'"une banque de l'industrie", filiale d'Oséo, qui est la banque des PME, car "les banques ne prêtent pas assez" ou "trop cher".
Le président a également indiqué que toute construction pourra s'agrandir de 30% pour tenter de faire face à la crise du logement. Le quota de jeunes en apprentissage dans les entreprises de plus de 250 salariés devra s'élever à 5%, avec sanctions aggravées pour les contrevenantes.
agences/mre
La TVA sociale source de critiques
La réforme de la TVA, qui rabotera le pouvoir d'achat, suscite de nombreuses critiques. François Hollande a dénoncé "un mauvais principe et un mauvais instrument".
Cette mesure "n'aura aucun effet sensible sur le coût du travail", a tranché le candidat du MoDem François Bayrou. "Une très mauvaise idée", a déploré la candidate EELV Eva Joly.
Dans la majorité aussi ministres et députés s'inquiètent des effets de cette hausse de la TVA, envisagée entre les deux tours des législatives de 2007 et qui leur avait coûté plusieurs dizaines de sièges. "Un suicide politique", a soupiré le député UMP Lionnel Luca.