Nabil al-Arabi, qui intervenait à l'ONU, a appelé de ses voeux des "mesures rapides et décisives". Egalement présent à New York, le chef du gouvernement qatari, le cheikh Hamad ben Jassem Al Thani, a estimé que "la machine à tuer est toujours à l'oeuvre" en Syrie.
Il a demandé au Conseil de sécurité d'assumer ses responsabilités et d'apporter son soutien au plan de la Ligue arabe. "Nous ne demandons pas une intervention militaire (...) nous ne sommes pas en faveur d'un changement de régime mais nous prônons des pressions économiques pour que le régime syrien comprenne", a-t-il ajouté. La situation en Syrie est "une menace pour la région toute entière", a-t-il estimé.
Inflexibilité russe
Nabil Al-Arabi a lui aussi souligné que les pays arabes s'efforçaient d'éviter une intervention militaire étrangère dans la crise syrienne, où le mouvement de contestation a vu le jour en mars dernier. La Russie a réaffirmé mardi son opposition au projet de résolution occidentalo-arabe condamnant la répression exercée par le régime du président Bachar al-Assad.
"Les changements de régime, ce n'est pas notre travail. (...) C'est aux Syriens de décider eux-mêmes comment le pays doit être dirigé, sans aucune ingérence extérieure", a dit le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, actuellement en Australie.
Clinton et Juppé fermes
Ce projet de résolution était défendu mardi soir au Conseil de sécurité par plusieurs intervenants. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a affirmé que si le Conseil de sécurité n'agissait pas rapidement en Syrie, "la crédibilité des Nations unies" s'en trouverait amoindrie.
Notant l'aggravation de la violence et le risque croissant de "guerre civile", elle a estimé que "malgré sa tactique impitoyable, le règne de terreur (du président Bachar) al-Assad va prendre fin et le peuple syrien va pouvoir choisir son destin". "La question est de savoir combien de civils innocents vont mourir avant qu'Assad ne se rende à l'évidence et quel degré d'instabilité il laissera derrière lui" en Syrie, a-t-elle ajouté.
Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a lui appelé le Conseil de sécurité de l'ONU à sortir de son "silence scandaleux" sur la Syrie en adoptant la résolution soutenant les initiatives de la Ligue arabe. "Nous sommes réunis aujourd'hui pour que le Conseil de sécurité prenne ses responsabilités face à un peuple qui souffre".
Mise à l'écart du président
La résolution préparée par la France et la Grande-Bretagne avec l'appui du Qatar, du Maroc, des Etats-Unis, de l'Allemagne et du Portugal, s'inspire du plan de sortie de crise de la Ligue arabe. Il appelle à la mise à l'écart de Bachar al-Assad et à la création d'un gouvernement d'union. Le texte ajoute que le Conseil de sécurité pourrait prendre des mesures supplémentaires non spécifiées si Damas n'accepte pas ses conditions.
Dénonçant les "massacres sauvages contre les civils dont des femmes et des enfants", le Conseil national syrien (CNS), qui regroupe la plupart des courants de l'opposition, a de son côté appelé la communauté internationale à prendre des "mesures rapides" afin de "protéger les civils par tous les moyens disponibles".
Sur le terrain mardi, les violences auraient fait au moins 22 tués, essentiellement dans des opérations de sécurité menées par les forces du régime, tandis que des combats entre armée et dissidents faisaient rage dans plusieurs zones des provinces d'Idleb, Homs et Damas, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Journée de deuil et de colère
Le plus important groupe de l'opposition syrienne, le Conseil national syrien (CNS), a appelé à une "journée de deuil et de colère" mardi, en accusant les forces du régime d'avoir accentué la répression en commettant des "massacres" contre les civils.
Dans un communiqué, le CNS déplore l'absence de "mesures rapides" de la part de la communauté internationale "pour protéger les civils par tous les moyens disponibles" et soutient que le régime de Bachar al-Assad "met à profit" les divisions internationales pour "accentuer sa répression".