La plupart du temps jeunes, portant parfois le masque blanc et noir au sourire sarcastique de Guy Fawkes - un activiste britannique du 17ème siècle - devenu l'emblème des cyberactivistes, les anti-ACTA ont défilé dans le calme dans les grandes villes européennes samedi.
En Allemagne, alors que les températures oscillaient entre -20 et 0 degrés malgré le soleil, les manifestants étaient 16'000 à Munich, 10'000 à Berlin, 5000 à Hambourg (nord), 4000 à Dortmund (ouest), 3000 à Francfort (centre) et 3000 à Dresde (est). Au total, environ 100'000 personnes ont défilé dans tout le pays.
Une révolution anonyme
Le Parti Pirate avait notamment appelé à manifester. Cette jeune formation a le vent en poupe en Allemagne depuis son succès en septembre dernier aux élections régionales de Berlin, où elle a fait son entrée au parlement de la ville-Etat. Ce parti originaire de Scandinavie - les pirates ont deux députés suédois au Parlement européen - prône notamment la démocratie directe sur internet.
Outre l'Allemagne, la mobilisation anti-ACTA était également assez forte samedi dans de nombreux pays. Près de 6000 Autrichiens ont ainsi défilé à Vienne et dans les villes de Graz, Innsbruck et Linz. A Paris, ils étaient plusieurs centaines à manifester.
"C'est sous couvert d'anonymat que la révolution est née", proclamaient des pancartes à Paris, allusion aux actions spectaculaires des pirates informatiques siglés "Anonymous" qui se sont multipliées ces dernières semaines dans plusieurs pays. (Lire: Informatique)
L'Europe de l'Est mobilisée
Les pays ex-communistes, où les internautes considèrent ce document comme une grave atteinte à leur liberté, n'étaient pas en reste. A Sofia, plus de 3000 personnes ont défilé dans les rues et autour du siège du parlement bulgare.
Les manifestants ont scandé "Non à ACTA" et "Mafia", reprochant au gouvernement d'avoir signé l'accord dans "le secret", sans aucune consultation publique. En Roumanie, quelques milliers de personnes s'étaient rassemblées dans différentes villes du pays malgré la neige et des températures dépassant les -10°C.
A Budapest, environ 400 manifestants, mobilisés par le Kalozpart (Parti des Pirates) à partir du réseau social en ligne Facebook, s'étaient réunis près du parlement hongrois, munis d'affiches "Stop Acta!". A Vilnius, quelque 600 Lituaniens protestaient devant le siège du gouvernement.
Liberté d'expression en danger
Vendredi, l'Allemagne avait annoncé suspendre pour le moment la ratification d'ACTA, précisant qu'aucune décision définitive n'avait été prise. Cet accord, signé par 22 pays de l'UE fin janvier, crée des normes internationales pour la protection de la propriété intellectuelle et des droits d'auteur.
Cet accord est destiné à lutter contre la contrefaçon de manière très large. Il est dépeint par ses opposants comme une atteinte potentielle grave à la liberté d'expression et aux droits des utilisateurs d'internet.
Pour tenter de démonter les accusations de non-transparence formulées par les opposants, la Commission européenne a publié sur internet un long document détaillant les circonstances dans lesquelles se sont déroulées les négociations de l'accord multilatéral.
agences/dk
Manifestations en Suisse aussi
Le Parti Pirate Suisse avait lui aussi appelé à manifester à Zurich samedi après-midi.
Environ 300 personnes se sont rassemblées sur la place Helvetia pour cette manifestation autorisée, a indiqué la police municipale.
A Genève, une quarantaine de personnes ont défilé dans le calme.
L'accord multilatéral ACTA a également été signé par la Suisse, mais n'a pas encore été ratifié par les Chambres fédérales.