L'Assemblée générale de l'ONU a adopté jeudi à une large majorité, malgré l'opposition de la Chine et de la Russie, une résolution condamnant la répression en Syrie, quelques jours après le blocage par Moscou et Pékin d'un texte similaire au Conseil de sécurité.
La résolution, adoptée par 137 voix pour, 12 contre et 17 abstentions, exige du gouvernement syrien qu'il mette fin à ses attaques contre la population civile, soutient les efforts de la Ligue arabe pour assurer une transition démocratique à Damas et recommande la nomination d'un envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie.
Cette décision intervient alors que la répression se poursuit dans plusieurs villes du pays (lire: Répression en Syrie).
Portée symbolique
Outre Moscou et Pékin, Cuba, l'Iran, le Venezuela et la Corée du Nord notamment ont voté contre le texte. Contrairement au Conseil de sécurité, il n'y a pas de droit de veto à l'Assemblée.
Le texte aura une portée essentiellement symbolique, l'Assemblée générale étant un organe consultatif.
Le Conseil de sécurité, qui ne s'est toujours pas exprimé depuis le début de la crise en Syrie en mars 2011, a été bloqué pour la deuxième fois le 4 février par un double veto russe et chinois. La résolution adoptée jeudi est similaire au texte bloqué au Conseil.
L'Assemblée avait adopté le 19 décembre une précédente résolution dénonçant le situation des droits de l'homme en Syrie, par une large majorité également (133 pour, 11 contre, 43 abstentions dont la Russie et la Chine) mais le texte voté jeudi a un contenu plus politique.
agences/pima/rber
UN TEXTE SALUE PAR LE SECRETAIRE GENERAL BAN-KI-MOON
Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a "salué le message tant attendu" envoyé jeudi à la Syrie par l'Assemblée générale de l'ONU. Celle-ci a adopté à une large majorité une résolution dénonçant la répression en Syrie. Ban Ki-moon, cité par son porte-parole, a invité "les autorités syriennes à entendre l'appel de la communauté internationale et la voix du peuple syrien".
Le secrétaire général se déclare "prêt à assumer ses responsabilités, comme le demande cette résolution. Il travaillera en étroite coopération avec la Ligue arabe" pour tenter de régler cette crise, conclut le communiqué de l'ONU.
Soutien sans équivoque de la France et de la Grande-Bretagne
Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé s'est félicité jeudi soir de l'adoption de la résolution sur la Syrie. Elle constitue, selon lui, "un soutien massif et sans équivoque au peuple syrien". Il souhaite que tout soit mis en oeuvre "pour que cette résolution soit pleinement appliquée".
Quant au ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, il a qualifié cette résolution d'avertissement "sans ambiguïté" au régime de Damas.
"Le président (syrien Bachar) al-Assad et le régime syrien doivent s'incliner devant l'appel de la communauté internationale et permettre une transition politique pacifique pour résoudre la crise", estime le chef de la diplomatie britannique.
"Pressions partiales" selon la Chine
La Chine juge compréhensible que des pays souhaitent rapidement mettre un terme aux violences en Syrie, mais elle ne considère pas approprié de vouloir exercer des pressions sur un seul camp.
Décès en Syrie de l'envoyé spécial du "New York Times"
L'envoyé spécial du "New York Times" en Syrie est décédé jeudi, apparemment d'une crise d'asthme, a annoncé le journal américain. Il se trouvait en Syrie depuis une semaine pour enquêter sur l'Armée syrienne libre et les autres opposants à Bachar al Assad impliqués dans le soulèvement né en mars 2011.
Le régime syrien n'avait pas été informé de ce reportage. D'après Tyler Hicks, photographe du "Times" qui accompagnait Anthony Shadid, ce journaliste américain d'origine libanaise portait sur lui des médicaments contre l'asthme. Il a commencé à souffrir jeudi matin avant d'être victime d'une crise mortelle. Tyler Hicks dit avoir emmené le corps en Turquie.
Anthony Shadid, qui avait 43 ans, était lauréat de deux prix Pulitzer pour sa couverture de la guerre en Irak et de ses conséquences.
Bombardements les plus violents depuis 14 jours sur Homs
La ville rebelle de Homs, dans le centre de la Syrie, était vendredi matin la cible des "bombardements les plus violents depuis 14 jours" menés par les forces du régime, a affirmé un militant sur place à l'AFP.
"C'est les bombardements les plus violents depuis 14 jours. C'est incroyable, c'est d'une violence extrême, on n'a jamais connu ça. C'est en moyenne quatre roquettes tirées par minute", a affirmé Hadi Abdallah, membre de la Commission générale de la révolution syrienne.