"La situation actuelle exige qu'une décision soit prise immédiatement pour qu'une pause humanitaire puisse être instaurée dans les combats", a déclaré Jakob Kellenberger, président du CICR, cité dans un communiqué. "A Homs et dans d'autres zones touchées, des familles entières sont bloquées chez elles depuis des journées, sans pouvoir sortir acheter du pain, d'autres vivres, de l'eau, ou accéder à des soins médicaux", a-t-il ajouté.
Il a réclamé des autorités syriennes et des autres parties prenantes à la violence d'observer "des pauses quotidiennes d'au moins deux heures" afin de permettre l'acheminement rapide des secours humanitaires.
Le chef de l'Armée syrienne libre (ASL), formée de militaires dissidents, le colonel Riad al-Assaad, a accueilli favorablement cet initiative. Les autorités n'avaient, elles, pas encore réagi en début de soirée.
La secrétaire générale adjointe de l'ONU aux affaires humanitaires Valérie Amos a aussi exhorté "toutes les parties à résister à la violence, à reconnaître l'importance de la protection des civils et à accorder un accès sans entrave aux organisations humanitaires afin que nous puissions aider ces gens qui en ont un besoin désespéré".
Levée du siège de Homs demandée
Pour sa part, le Conseil national syrien (CNS), principale instance de l'opposition syrienne, a appelé la communauté internationale à obtenir la levée du "siège" de Homs et acheminer une aide humanitaire. "Le président du CNS Burhan Ghalioun a appelé la Ligue arabe, le secrétaire général de l'ONU, le Comité international de la Croix-Rouge, ainsi que des ministres des Affaires étrangères de pays arabes, européens et des membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU pour obtenir la levée du siège de Homs et permettre à des convois de médicaments et de nourriture d'atteindre les quartiers assiégés".
Depuis le début de la révolte contre le régime du président Bachar al-Assad, en mars 2011, des milliers de personnes ont été tuées dans la répression selon des militants des droits de l'Homme. Le régime refuse de reconnaître l'ampleur du soulèvement et attribue les violences à des groupes terroristes soutenus par l'étranger.
Au moins 57 civils tués mardi
Trente-trois civils ont été tués mardi dans une vaste opération militaire contre Abdita, une localité de la province rebelle d'Idleb (nord-ouest), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Dans cette même province, un chauffeur a perdu la vie et cinq institutrices qu'il transportait ont été blessées par des tirs contre leur bus lors d'un assaut contre le village de Tarnabé, qui a fait un second mort.
Dans la ville de Homs, baptisée "capitale de la révolution", seize personnes, dont une femme et trois enfants, ont péri dans le bombardement intensif du quartier rebelle de Bab Amr, pilonné depuis 18 jours, a indiqué cette ONG basée à Londres. "Nous n'avons ni électricité, ni mazout. Les gens ont très peur qu'il y ait un assaut. La situation est pire que quiconque puisse imaginer. Il n'y a même plus de farine. Le blocus est total", a indiqué à l'AFP Omar Chaker, un militant qui se trouve dans le quartier. "Mais Baba Amr sera la Misrata de la Syrie et ils bombardent sans oser entrer car le dédale des ruelles de Baba Amr sert les opposants", a-t-il ajouté en référence à la ville "martyre" de la révolution libyenne.
Cinq civils, dont un enfant, ont également été abattus par des tirs des forces de sécurité, notamment à la mitrailleuse lourde, dans la ville de Qousseir, dans la province de Homs, selon l'OSDH.
Par ailleurs, un convoi de 56 chars et véhicules de transport de troupes a été vu se dirigeant vers Homs, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), faisant craindre aux militants un assaut final à brève échéance. En outre, a ajouté l'OSDH, un civil a péri dans la région d'Alep (nord), touché par des tirs de mitrailleuse lourde.
A Alep (nord), deuxième ville du pays, les forces de sécurité ont tiré sur 2500 étudiants qui observaient un sit-in à l'université, au cours duquel ils ont déployé le "drapeau de l'indépendance", adopté par les rebelles, a rapporté l'OSDH.
afp/olhor
Fronde contre le référendum sur la Constitution et velléités diplomatiques
A quelques jours du référendum sur la Constitution, 200 personnes ont observé un sit-in devant le Parlement à l'appel d'organisations et mouvements laïques syriens, tolérés par le régime, pour protester contre une référence à la charia dans le texte du projet.
Plus de 14 millions de Syriens sont appelés à voter le 26 février pour approuver une nouvelle Constitution lors d'un référendum organisé dans le cadre des réformes promises par le pouvoir. L'opposition a rejeté cette consultation.
Sur le plan diplomatique, la Russie a annoncé qu'elle boycotterait la conférence internationale à Tunis vendredi sur la crise en Syrie, et la Chine n'a pas encore donné de réponse. Pékin et Moscou avaient apposé leur veto début février à une résolution condamnant la répression.
La Tunisie accueille vendredi une "conférence du groupe des amis de la Syrie", une proposition de Paris et Washington. Celle-ci va chercher à dégager "un consensus et un message unifié" de la communauté internationale, selon le ministère tunisien des Affaires étrangères.