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La guérilla colombienne des Farc renonce aux enlèvements de civils

Le président colombien Juan Manuel Santos a confirmé pour la première fois l'existence de pourparlers avec les Farc. [EPA/Mauricio Duenas]
Le président colombien Juan Manuel Santos a jugé l'annonce insuffisante. - [EPA/Mauricio Duenas]
La guérilla colombienne des Farc renonce aux enlèvements au sein de la population civile, un pas historique dans un conflit vieux de presque 50 ans.

Les Farc ont annoncé dimanche l'abandon du recours aux enlèvements au sein de la population civile en Colombie, un tournant dans l'histoire de cette guérilla fondée il y a près d'un demi-siècle, même si le gouvernement de Bogota juge ce geste encore insuffisant. Les Farc détiennent plusieurs centaines d'otages civils, selon les estimations.

Les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) ont officiellement mis fin aux séquestrations de civils, dans un message de leur commandement diffusé sur son site internet (www.farc-ep.co).

Changement de cap

"On a beaucoup parlé des séquestrations de personnes, hommes et femmes issus de la population civiles, que nous, les Farc, avons effectué à des fins financières pour le soutien de notre lutte", indiquent-elles en préambule. "Nous annonçons qu'à compter de cette date, nous interdisons ces pratiques dans le cadre de notre combat révolutionnaire", poursuit l'organisation d'obédience marxiste, à l'origine un mouvement paysan en rébellion depuis 1964.

Cette annonce constitue un changement de cap pour la principale guérilla du pays, la plus ancienne d'Amérique latine, qui compte encore 9000 combattants, selon le gouvernement. Elle intervient près de dix ans jour pour jour après la rupture des pourparlers de Caguan, du nom de la zone démilitarisée dans le sud du pays, où se déroulèrent les seules négociations de paix engagées avec les autorités.

"Pas suffisant"

Le président colombien Juan Manuel Santos a réagi en évoquant un "pas important" mais "pas suffisant", sur son compte Twitter. Le chef de l'Etat exige la fin des attaques et la libération de tous les otages.

Les Farc se sont également engagées, dans leur déclaration de dimanche, à relâcher unilatéralement les 10 policiers et militaires qu'elle détient, certains depuis douze ans. En décembre, la guérilla avait déjà promis d'en libérer six, un mois après avoir suscité une nouvelle vague d'indignation en assassinant quatre militaires séquestrés durant des combats avec l'armée. Plus récemment, la communauté internationale avait unanimement condamné début février deux attentats à la voiture piégée qui avaient fait 15 morts et une centaine de blessés, notamment des civils.

L'objectif des Farc avait toujours été jusqu'ici d'échanger ses otages dit "politiques", par opposition aux civils, contre des guérilleros incarcérés, option régulièrement exclue par le pouvoir.

afp/cab

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Plusieurs revers pour les Farc

Confrontée à une traque militaire sans répit, la guérilla, dont les effectifs ont été divisés par deux en dix ans, a essuyé de sérieux coups durs, comme la perte de son principal otage, la sénatrice franco-colombienne Ingrid Betancourt, libérée par l'armée en juillet 2008.

Elle a aussi encaissé de nombreux revers militaires, dont la mort de son chef militaire Jorge Briceño en 2010, puis celle de son numéro un Alfonso Cano l'an dernier.

Chassés des villes, les rebelles, qui tirent de plus en plus leurs revenus du trafic de cocaïne, se sont repliés dans les régions montagneuses ou dans la jungle.