La douleur et l'émotion de Toulouse se sont transportées en Israël. Le rabbin et les trois enfants tués lundi devant l'école juive de Toulouse ont été inhumés mercredi à Jérusalem, en présence de leurs proches, en sanglots devant leurs tombes, et de nombreuses personnalités, dont le chef de la diplomatie française Alain Juppé.
Le rabbin, ses petits garçons, âgés respectivement de trois et cinq ans, et la fille du directeur de l'école, âgée de huit ans, ont été abattus lundi matin devant le collège-lycée Ozar Hatorah, situé dans le quartier résidentiel de la Roseraie à Toulouse.
En France, plusieurs centaines de policiers encerclaient toujours mercredi l'immeuble où était retranché un jeune homme de 24 ans, soupçonné d'être l'auteur de cette fusillade et de deux autres qui ont coûté la vie à trois parachutistes à Toulouse et Montauban (lire: Opération en cours contre le suspect de la tuerie de Toulouse).
Le recueillement et les larmes
Face à ce déploiement de forces, l'heure était au recueillement et aux larmes en Israël, où les victimes ont été inhumées, à la demande des familles. Les enfants avaient en effet la double nationalité franco-israélienne et le rabbin avait vécu en Israël pendant plusieurs années avant de venir en France.
Lors de la cérémonie, le frère aîné de la fille du directeur du collègue Ozar Hatorah, âgé d'une vingtaine d'années, a demandé à Dieu de donner la force à ses parents de "surmonter la pire épreuve qui soit". Au nom des quatre enfants de la famille encore vivants, il a imploré son père et sa mère de "tenir bon, tenir bon, tenir bon".
Plusieurs centaines de personnes, nombre d'elles en larmes, se sont massées autour des dépouilles des victimes, arrivées de France en avion mercredi matin. Le rabbin et ses deux fils avaient été enveloppés de châles de prière blancs, alors que la fille du directeur de l'école reposait dans du velours noir. Les dépouilles ont ensuite été mises en terre.
Plus tard, la jeune veuve du rabbin, s'est avancée jusqu'aux tombes de son mari et de ses fils et a posé les mains sur la terre fraîche. "Rentrez à la maison", a-t-elle sangloté, en français. Selon les médias israéliens, la jeune femme est enceinte. Elle est arrivée en Israël pour les obsèques avec son unique enfant survivant.
En présence d'Alain Juppé
Les dirigeants de la communauté juive de France et le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé avaient également fait le déplacement en Israël ainsi que de nombreux proches des victimes. "L'agression d'un juif en France n'est pas l'affaire des juifs seulement", a souligné le chef de la diplomatie, rappelant que "l'antisémitisme est contraire à toutes les valeurs de la France".
Le président de la Knesset Reuven Rivlin a pour sa part déploré que le peuple juif soit "à nouveau confronté à des bêtes féroces (...) dirigées par la haine". Le Premier ministre palestinien Salam Fayyad a dénoncé les fusillades dans un communiqué, condamnant le lien établi avec les enfants palestiniens.
Selon le ministre de l'Intérieur français Claude Guéant, le suspect aurait dit vouloir venger les enfants palestiniens tombés au Proche-Orient. "Il est temps que ces criminels arrêtent de revendiquer leurs actes terroristes au nom de la Palestine", a dénoncé Salam Fayyad. "Les enfants de la Palestine ne demandent rien d'autre qu'une vie décente, pour eux-mêmes et pour tous les enfants du monde".
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