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Deuxième jour de siège du suspect des tueries de Toulouse

Malgré les détonations entendues dans la nuit, la situation n'a pas évolué ce jeudi matin. [Lionel Bonaventure]
Le correspondant RTSinfo à Paris, Mehmet Gultas, fait le point de la situation ce matin / Audio de l'info / 1 min. / le 22 mars 2012
Au deuxième jour de siège du suspect des tueries de Toulouse et Montauban, la police a tenté d'intimider l'homme de 24 ans retranché chez lui.

Le siège du suspect des tueries qui ont fait sept morts en France dure désormais depuis plus de 32 heures malgré les "manoeuvres d'intimidation" de la police. Elle a fait exploser dans la nuit sa porte d'entrée, des fenêtres et ouvert une brèche dans un mur. Le suspect n'a pas réagi à ces détonations (lire La police accroît la pression sur le suspect de Toulouse).

Manoeuvres d'intimidation

Toulouse [Lionel Bonaventure]
Toulouse [Lionel Bonaventure]

Au total, il y a eu 13 détonations, lourdes ou légères, qui ont retenti en quatre séries étalées de mercredi, peu avant minuit, à trois heures du matin, deux tours d'horloge après le début de l'opération menée par les policiers d'élite du Raid qui ont cerné son immeuble.

"Ce sont des manoeuvres d'intimidation pour mettre la pression sur le forcené qui a, semble-t-il, changé d'avis et ne souhaite plus se rendre", a dit le porte-parole du ministère de l'Intérieur PierreHenry Brandet, refusant de parler d'assaut.

La stratégie de la police consiste à faire monter la pression pour inciter ce Français d'origine algérienne à se rendre, l'objectif étant de tout faire pour le prendre vivant afin que son éventuel réseau puisse être démantelé.

L'homme de 24 ans a d'abord beaucoup parlé aux policiers lors des négociations qui se sont nouées mercredi, revendiquant les trois tueries et affichant sa fierté d'avoir mis le pays "à genoux", avant de se terrer dans son antre, lourdement armé. Il avait aussi échangé à plusieurs reprises des coups de feu avec les policiers au début de l'opération, blessant deux d'entre eux.

Il prévoyait d'autres meurtres

"Il n'a pas de regret, si ce n'est de n'avoir pas eu le temps de faire plus de victimes et il se vante (...) d'avoir mis la France à genoux", a dit François Molins, le procureur de Paris, lors d'une conférence de presse à Toulouse. Le présumé tueur a affirmé qu'il planifiait pour ce mercredi le meurtre de deux fonctionnaires de police et d'un militaire, citant pêle-mêle sa volonté de venger la mort de Palestiniens dans le conflit avec Israël et de punir la France pour avoir envoyé des troupes en Afghanistan, a-t-il ajouté.

L'homme, qui a revendiqué le meurtre d'un rabbin et de trois enfants dans une école juive de Toulouse lundi dernier et ceux de trois militaires la semaine précédente, a été identifié par une enquête rapide menée grâce à des écoutes, à la traque de ses activités sur internet et à sa tentative de maquiller son scooter volé entre deux tueries.

Les forces de l'ordre ont découvert sur ses indications deux voitures emplies d'armes - des pistolets mitrailleurs et des automatiques - a indiqué le ministre de l'Intérieur. Sa mère, l'un de ses frères, qui évoluait également dans la mouvance salafiste, et sa petite amie ont été placés en garde à vue, a dit François Molins.

agences/hof

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Revue de presse française

La presse française s'accorde jeudi pour dire que la dérive meurtrière du suspect de Toulouse est un défi pour la classe politique française en pleine campagne présidentielle et qu'il y aura un avant et un après Toulouse.

"Le défi lancé à la classe politique (...) constitue un test de la cohésion nationale", écrit le journal économique Les Echos. Selon le quotidien, "la tentation de récupérer l'émotion ou de désigner des coupables est forte" mais cette tentation "c'est la victoire absolue du terrorisme".

"Deuil et unité nationale deviennent vite hypocrisie et piège" pour L'Humanité, qui rappelle que ces "meurtres inqualifiables" sont "aussi les stigmates des folies d'une époque qui provoquent la République elle-même".

Dans Libération, Nicolas Demorand souhaite qu'"une fois chassé, le naturel ne revienne pas au galop. Que certains mots, certains discours disparaissent définitivement de la vie publique".

Le Figaro affirme pour sa part que "les sept morts de Toulouse et de Montauban viennent rappeler à ceux qui pouvaient encore en douter que le mal qui ronge la République n'est pas un 'fantasme'". "Si l'on veut éviter la répétition de l'immense drame de Toulouse, il faut être intransigeant" avec le communautarisme, ajoute-t-il.