Peu après de l'opération des forces d'intervention françaises qui a conduit à la mort de Mohamed Merah, le suspect des attaques contre des soldats et une école juive à Toulouse, une polémique a surgi sur différents aspects de l'intervention. "Nous nous posons forcément la question: est-ce qu'on aurait pu faire différemment? Est-ce qu'on a raté quelque chose? Est-ce qu'on a été assez vite? Mais il était impossible de dire dimanche soir: "C'est Merah, il faut aller l'attraper"", a déclaré vendredi Bernard Squarcini, le patron de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), le contre-espionnage français, au quotidien Le Monde.
Mohamed Merah, "n'avait d'ailleurs pas prévu d'attaquer l'école juive lundi matin", a déclaré Bernard Squarcini. Il voulait tuer un autre militaire, mais il est arrivé trop tard. Et comme il connaît bien le quartier, il a improvisé et a attaqué le collège-lycée", a-t-il affirmé.
Dangerosité pas repérée
Le contre-espionnage essuie les critiques d'une partie de la classe politique dans sa gestion de l'affaire Merah et notamment des "failles" dans le suivi du tueur à son retour d'Afghanistan et du Pakistan. (Lire: François Fillon défend les services de renseignement français)
Les services secrets avaient surveillé le tueur en série après ses séjours de 2010 et 2011 sans déceler une dangerosité nécessitant une surveillance appuyée comme elle le fait régulièrement avec d'autres apprentis jihadistes ou réseaux.
afp/mre
Le parcours du tueur
En novembre 2010, Mohamed Merah se rend en Afghanistan via le Tadjikistan. Selon Bernard Squarcini, il est arrêté à Kandahar, le berceau des talibans, par la police afghane qui le remet à l'armée américaine qui le met dans un avion pour Kaboul, puis retour en France le 5 décembre.
"Nous faisons une enquête pour voir ce qu'il vaut. Mais il n'y a rien. Pas d'activisme idéologique, pas de fréquentation de la mosquée", a encore dit le numéro 1 du Renseignement intérieur.
Avant l'Afghanistan, il s'est rendu en Turquie, Syrie, Liban, Jordanie, Israël et en Egypte, au Caire. Lorsque le contre-espionnage veut l'interroger un an plus tard en novembre 2011, Merah appelle et dit qu'il ne peut pas se présenter, qu'il est au Pakistan.
Interrogé sur les inquiétudes qu'un tel voyage aurait pu susciter, Bernard Squarcini se défend: "Il n'est resté que deux mois au Pakistan. Il dit alors que c'était pour chercher une épouse (...) Mais à l'époque, ni les services pakistanais, ni les Américains, ni la DGSE ne nous ont alertés".
A son retour en France, le contre-espionnage l'inscrit néanmoins "au fichier des personnes recherchées pour être informé en cas de contrôle et de déplacements".