L'ex-Premier ministre Macky Sall est devenu dimanche le nouveau chef de l'Etat sénégalais en battant au second tour de la présidentielle son rival Abdoulaye Wade qui a reconnu sa défaite avant même les résultats officiels d'un scrutin qui s'est déroulé pacifiquement.
En dépit des craintes suscitées par la nouvelle candidature du président Wade, 85 ans, élu en 2000 et réélu en 2007, la victoire acceptée de son ancien ministre et Premier ministre qu'il appelait son "apprenti", est le signe de la vitalité démocratique du Sénégal.
"Ce (dimanche) soir, un résultat est sorti des urnes, le grand vainqueur reste le peuple sénégalais", a déclaré Macky Sall lors d'une conférence de presse dans la nuit. "Je serai le président de tous les Sénégalais", a-t-il promis.
"Les résultats en cours indiquent que Macky Sall a remporté la victoire", a de son côté déclaré le président Wade via un communiqué. "Comme je l'avais toujours promis, je l'ai donc appelé dès la soirée du 25 mars au téléphone pour le féliciter", a ajouté le chef de l'Etat sortant.
Campagne tendue
La campagne a donné lieu à quelques incidents violents entre partisans des deux candidats, sans commune mesure toutefois avec les manifestations et les violences avant le premier tour du 26 février et avaient fait de 6 à 15 morts et au moins 150 blessés. (Lire: Présidentielles au Sénégal)
Dès l'ouverture des bureaux, des files d'attente se sont formées, comme au premier tour, et pourtant la participation avait tout juste dépassé les 51%. La plupart des électeurs préfèrent ne pas révéler leur vote.
Macky Sall favori
Candidat à sa propre succession, Abdoulaye Wade, 85 ans, au pouvoir depuis 2000, était arrivé en tête du premier tour avec 34,81% des voix, suivi de Macky Sall (26,58%).
Ce dernier, âgé de 50 ans, a obtenu le ralliement des douze battus du premier tour qui voulaient barrer la route à Abdoulaye Wade Wade dont ils ont jugé la candidature "anticonstitutionnelle" après deux mandats. Macky Sall disposait également du soutien de mouvements de jeunes comme "Y'en a marre" et de celle du célèbre chanteur Youssou Ndour.
agences/olhor/bri
Une ascension éclair
Marié et père de trois enfants, Macky Sall, ingénieur-géologue, géophysicien, formé au Sénégal et en France, est directeur général de la Société des pétroles du Sénégal (Petrosen, publique) quand Wade l'appelle au gouvernement, en mai 2001.
Son parcours le mène au ministère de l'Intérieur puis, il devient Premier ministre (2004-2007) avant d'être président de l'Assemblée nationale (2007-2008). Il est aussi le directeur de campagne du président Wade (présidentielle de 2007) et est le numéro 2 du Parti démocratique sénégalais, où il milite depuis 1988.
Mais en 2008, il entre en conflit avec le président Wade pour une affaire liée au fils de celui-ci Karim Wade. Il finit par démissionner de toutes ses fonctions étatiques et créé l'Alliance pour la République (APR), un parti libéral. Il redevient maire de Fatick en 2009.
Depuis lors, il refuse tout compromis avec Wade, qu'il dit n'avoir pas rencontré depuis son départ du pouvoir.
La presse sénégalaise ravie
L'ensemble de la presse sénégalaise saluait unanimement lundi la victoire de l'opposant Macky Sall à l'élection présidentielle comme une "victoire du peuple" et de la démocratie dont pouvait s'enorgueillir le Sénégal.
"Chapeau mon peuple!", résume l'éditorial du Quotidien (privé), pour qui la défaite du président sortant Abdoulaye Wade "s'est muée en une victoire du peuple et de la démocratie sénégalaise".
Même teneur d'autres titres de la presse privée: "Quel peuple!", salue ainsi Le Pop, tandis que Sud Quotidien, pour qui le "Sénégal a gagné" dimanche, se félicite d'une "victoire de la démocratie et de la maturité".
Sarkozy et l'Union africaine saluent
Le président français Nicolas Sarkozy a estimé lundi que le résultat de l'élection était "une très bonne nouvelle pour l'Afrique en général et pour le Sénégal en particulier", félicitant aussi bien Macky Sall que Abdoulaye Wade.
De son côté l'Union africaine a relevé que cette présidentielle au Sénégal "fait honneur au continent" africain.