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La torchère de la plateforme de gaz toujours en feu au large de l'Ecosse

Total [RTS]
Total examine plusieurs options pour colmater la fuite. - [RTS]
Une torchère brûlait toujours mercredi sur la plateforme de Total en mer du Nord évacuée en raison d'une fuite de gaz, mais selon l'exploitant, les risques d'explosion sont minimes.

Une torchère brûlait toujours mercredi sur la plateforme de Total en mer du Nord qui souffre d’une fuite de gaz depuis dimanche. Elle brûlait "comme c'est normalement le cas sur une plateforme", a déclaré un porte-parole de la compagnie.

Se voulant optimiste, le directeur de la santé, la sécurité et l'environnement chez Total, David Hainsworth a relevé que "le vent pousse le panache de gaz dans une direction opposée à celle de la torchère". "Selon les prévisions météorologiques, le vent va souffler dans la même direction pendant cinq à six jours et nous étudions les différentes options pour éteindre la torche", assure-t-il aussi.

Total n'exclut pas totalement le risque d'explosion

"Le gaz est inflammable, mais l'alimentation électrique a été coupée sur la plateforme pour minimiser le risque d'étincelle, mais il est évident qu'il y a un risque. Nous avons exclu une série de risques mais il y a toujours une possibilité. Elle est faible, mais on ne dit pas jamais", a par ailleurs admis le directeur sur la BBC.

Martin Preston, spécialiste des pollutions marines à l'université de Liverpool, s'est dit mercredi "surpris" par le fait que la torchère brûle toujours. "Avec une bouteille de gaz de camping, quand vous la fermez, la flamme continue à brûler pendant un petit moment puis s'éteint, et on s'attendait à la même chose ici", a-t-il ajouté sur la radio BBC. Pour ce spécialiste, il est très difficile de prédire les risques d'explosion.

Le vent ne doit pas tomber

"La torchère est située dans la plus haute partie de la plateforme, et le gaz, qui est avant tout du méthane, est relativement lourd, donc il reste en bas", a expliqué Simon Boxall, océanographe à l'université de Southampton, dans le sud de l'Angleterre. "Puisque c'est venteux, il y a des chances que le gaz se disperse rapidement. Mais si le vent cesse totalement, le gaz montera vers la flamme et cela pourrait créer une explosion", a-t-il ajouté

Dans son dernier communiqué mardi soir, Total précisait que "la fuite se poursuivait". Total a reconnu qu'il s'agissait du "plus gros incident" pour le groupe "en mer du Nord depuis au moins dix ans".

afp/bri

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Rappel des faits

La fuite de gaz a commencé dimanche. Quelque 28 tonnes de gaz naturel se sont échappées en 48 heures.

La plateforme Elgin-Franklin concernée est située à environ 240 kilomètres au large de la ville écossaise d'Aberdeen.

La fuite a formé un nuage suffisamment dense pour être visible d'autres plates-formes de la mer du Nord.

Une zone d'exclusion maritime et aérienne a été mise en place. Les 238 personnes travaillant sur la plateforme ont été évacués, de même que le personnel de deux installations de Shell, qui a aussi décidé de suspendre ses activités de forage sur l'un de ses sites situé.

Le groupe dit étudier toutes les options possibles pour faire face à la fuite, y compris le creusement d'un puits de secours - l'opération pourrait prendre environ six mois - ou une intervention sur la plate-forme pour sceller le puits.

Deux vols de reconnaissance ont eu lieu mardi. Un avion a de nouveau survolé mercredi les alentours de la plateforme.

Risque pour l'environnement

La fuite de gaz sur une plateforme de Total en mer du Nord n'est pas comparable à la marée noire du golfe du Mexique en 2010, a affirmé mercredi l'agence d'évaluation financière Fitch.

"La fuite d'Elgin est une fuite de gaz en surface et non une fuite sous-marine de pétrole, ce qui diminue fortement le potentiel de dégâts environnementaux par rapport à Deepwater Horizon", souligne Fitch.

Lors de la fuite dimanche, du liquide s'était d'abord échappé, entraînant la formation d'une nappe d'hydrocarbures d'environ 12 km2. Ce condensat léger devrait spontanément s'évaporer de la surface de l'eau, a estimé Total.

Le groupe pétrolier français est en mesure de couvrir tous les coûts qu'elle pourrait entraîner, a par ailleurs indiqué l'agence Fitch.

La plateforme

La plateforme Elgin-Franklin est l'un des deux principaux gisements gaziers exploités par le groupe français Total en mer du Nord britannique.

Elle produisait jusqu'alors neuf millions de mètres cubes de gaz par jour, l'équivalent de 3% de la production britannique de gaz naturel, ainsi que 60'000 barils par jour de brut léger.

Le gisement vaut 5,7 milliards d'euros (6,8 milliards de francs), selon des évaluations obtenues par l'agence de notation Fitch.