Le tribunal a commencé à entendre les explications de Breivik sur ses actes sanglants, pour lesquels il s'estime non coupable. Il a déclaré mardi devant ses juges qu'il recommencerait le massacre perpétré. "Oui, je le ferais de nouveau", a-t-il affirmé ajoutant que les adolescents tués sur Utoeya n'étaient pas des "enfants innocents" et que pour lui finir sa vie en prison ou mourir pour son peuple constituaient
"le plus grand honneur".
L'accusé a également lu devant la cour une déclaration qu'il avait préparée, dans laquelle il a dénoncé les gouvernements de Norvège et du reste de l'Europe accusés de favoriser l'immigration et le multiculturalisme. Il a dit parler en tant que commandant d'un mouvement norvégien et européen de résistance "anti-communiste" et d'un groupe anti-Islam qu'il a appelé les Chevaliers Templiers. La veille, l'accusation avait démenti l'existence d'une telle organisation.
Deux autre "cellules" évoquées
La cour a par ailleurs décidé que le témoignage de Breivik ne serait pas diffusé à la télévision, la chaîne NRK ayant jusque-là diffusé en direct les débats, afin de ne pas provoquer de souffrances supplémentaires pour les familles. Dans son manifeste diffusé le jour des attaques, Breivik explique qu'un procès est une "excellente tribune" pour diffuser son idéologie.
Anders Behring Breivik a demandé à être acquitté, affirmant avoir agi au nom de la légitime défense. "Les attaques du 22 juillet étaient des attaques préventives pour défendre les Norvégiens de souche", a-t-il déclaré au terme d'une intervention de plus d'une heure. "J'ai agi en situation d'urgence au nom de mon peuple, de ma culture de mon pays (..) Et je demande donc à être acquitté", a-t-il dit avant
que la juge Wenche Elizabeth Arntzen ne lève l'audience pour la pause de la mi-journée.
Le tueur a par ailleurs de nouveau évoqué mardi l'existence de "deux autres cellules" autonomes constituées chacune d'un seul individu. Le terme "commandeur" employé par Breivik au sujet de lui-même renvoie à "une personne qui a une autorité et des liens souples avec deux autres cellules", a expliqué l'extrémiste devant le tribunal d'Oslo.
Breivik refait un salut d'extrême-droite
Dès son arrivée dans le prétoire, Breivik a reproduit le geste de provocation déjà effectué la veille, adressant à l'assemblée un geste qu'il présente comme un salut d'extrême droite: après s'être frappé le coeur du poing droit, il a tendu le bras et ce poing en direction de la salle. Un geste qui, explique-t-il dans son manifeste, représente "la force, l'honneur et le défi aux tyrans marxistes en Europe".
Le principal point d'interrogation du procès qui devrait durer 10 semaines porte sur la santé mentale de l'accusé. Jugé pénalement irresponsable, il risque l'internement psychiatrique à vie. Considéré responsable, il encourt 21 ans de prison, une peine qui pourra ensuite éventuellement être prolongée aussi longtemps qu'il sera considéré comme dangereux.
agences/hend/mre
Un juge renvoyé
Un coup de théâtre a eu lieu plus tôt à l'ouverture du deuxième jour du procès. Le tribunal d'Oslo a renvoyé l'un des cinq juges censés juger Breivik pour des propos semant le doute sur son impartialité.
Thomas Indreboe - un réceptionniste depuis désigné juge issu de la société civile conformément à un mécanisme de justice populaire en vigueur en Norvège - avait écrit sur l'internet: "La peine de mort est la seule solution juste dans cette affaire!".
S'il est récusé, des juges remplaçants sont prêts à prendre immédiatement sa place.
Rappel des faits
Le 22 juillet 2011, Breivik avait d'abord tué huit personnes en faisant exploser une bombe au pied de la tour qui abrite le bureau du Premier ministre travailliste, absent à ce moment-là. Puis, déguisé en policier, il avait froidement abattu 69 personnes sur l'île d'Utoeya, essentiellement des adolescents, du mouvement de jeunesse du Parti travailliste.