Pour la deuxième fois en moins d'une semaine, l'ambassadeur argentin a été convoqué au ministère des Affaires étrangères. Pendant ce temps, en visite au Mexique, le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a affirmé que l'expropriation d'YPF "rompt la bonne entente" entre Espagne et Argentine. (Lire: L'Argentine annonce l'expropriation de la compagnie pétrolière YPF)
Dès lundi soir, Madrid avait dénoncé un geste "hostile" et annoncé des mesures "fortes" dans les jours à venir. Celles-ci concerneront le domaine diplomatique, commercial, industriel et énergétique, a précisé mardi le ministre de l'Industrie José Manuel Soria.
L'Espagne a reçu plusieurs soutiens mardi, notamment du président de la Commission européenne. José Manuel Barroso s'est dit "extrêmement déçu" de la décision, prise lundi par la présidente argentine, de faire passer 51% d'YPF sous le contrôle de l'Etat et des provinces du pays. La cheffe de la diplomatie européenne Catherine Ashton a estimé que cela envoyait "un très mauvais signal" pour les investissements étrangers dans le pays. Le Fonds monétaire international a lui déploré que l'Argentine soit "imprévisible".
Compensation de plus de 10 milliards demandée
Cette bataille diplomatique se double désormais d'une guerre financière: Repsol, dont le titre a plongé de plus de 6% mardi à la Bourse de Madrid, a annoncé qu'il ferait appel à l'arbitrage international pour obtenir compensation. "Tout Etat a le droit d'exproprier, mais il faut aussi payer", a clamé devant la presse Antonio Brufau, le président de Repsol.
Le groupe demandera "une compensation à travers l'arbitrage international", qui devra être "au moins égale" à la valeur de sa part de 57,4% dans YPF. Repsol l'estime à 10,5 milliards de dollars (9,62 milliards de francs), soit une valeur totale d'entreprise de 18,3 milliards. Il a le choix entre deux tribunaux, dans ce domaine: le Cirdi, qui dépend de la Banque mondiale, et l'Uncitral, une commission des Nations Unies, a précisé un porte parole du groupe.
YPF représentait 21% du bénéfice de Repsol
Le gouvernement argentin accuse le groupe espagnol de ne pas avoir assez investi dans YPF. Mais Antonio Brufau rétorque qu'il a réalisé, depuis l'achat de la filiale en 1999, "20 milliards de dollars d'investissements, et à cela il faut ajouter les 15 milliards de dollars pour acheter" YPF.
Le président de Repsol a dénoncé une campagne de "harcèlement" de la part de Buenos Aires. Une campagne "planifiée de manière calculée pour provoquer la chute de l'action d'YPF et faciliter l'expropriation à prix cassé", selon lui. "Ce n'est pas digne d'un pays moderne, l'Argentine ne mérite pas ça."
Repsol a rappelé qu'en 2011, YPF a représenté 25,6% de son résultat opérationnel, 21% de son bénéfice net et 33,7% de ses investissements. "Ce sont des chiffres importants, mais que nous pouvons supporter", a indiqué Antonio Brufau, soulignant ainsi la solidité de Repsol, même sans l'Argentine.
agences/mre