L'Espagne va demander à l'Union européenne de saisir l'Organisation mondiale du commerce (OMC) afin que soit ouverte une procédure contre l'Argentine qui a pris le contrôle d'YPF, filiale de l'espagnol Repsol, a-t-on appris mercredi de source gouvernementale.
Madrid a brandi la menace de rétorsions économiques et diplomatiques après la décision de la présidente argentine Christina Fernandez de nationaliser 51% d'YPF. Une réunion des ministres des Affaires étrangères européens est prévue lundi pour décider comment régler le différend entre les deux pays.
L'Espagne devrait également décider si elle prend des mesures unilatérales à l'encontre de l'Argentine vendredi lors d'une réunion du conseil des ministres, précise-t-on. Il ne sera cependant pas facile pour Madrid de trouver des moyens de pression contre un pays privé d'accès aux marchés du financement après un défaut sur sa dette et qui refuse par ailleurs de payer les amendes décidées à l'échelle internationale dans d'autres différends.
Indemnisation exigée
Le président du groupe pétrolier espagnol Repsol, Antonio Brufau, a averti mercredi le gouvernement argentin qu'il devrait payer "le prix juste", qu'il chiffre à plus de 10 milliards de dollars, après l'avoir exproprié de sa filiale YPF. Le vice-ministre argentin de l'Economie, Axel Kicillof, a lui accusé Repsol de cacher 9 milliards de dollars de dette chez YPF, en partie sous forme d'investissements, et de faire une valorisation "imprudente" de sa filiale.
De leur côté, les Etats-Unis se sont déclarés mercredi "très préoccupés" par l'expropriation partielle de la compagnie pétrolière."Nous avons déjà à plusieurs reprises fait part aux plus hauts responsables du gouvernement argentin de nos craintes que ce genre de décisions puisse affecter le climat des affaires", a souligné Mark Toner, un porte-parole du département d'Etat. "Nous exhortons l'Argentine à normaliser ses relations avec la communauté internationale de la finance", a-t-il conclu.
agences/dk
Repsol chahuté par les marchés et les agences de notation
A la Bourse de Madrid, le titre Repsol a continué de chuter mercredi, après avoir reculé de plus de 6% la veille: à la clôture, il cédait 6,21% à 15,40 euros, dans un marché fortement orienté à la baisse (-3,99%).
L'agence d'évaluation financière Moody's a menacé mercredi d'abaisser la note de Repsol, en la plaçant sous surveillance négative comme l'a fait la veille l'agence Fitch, en raison du projet argentin d'exproprier le groupe pétrolier espagnol de sa filiale YPF.
"Moody's considère que l'expropriation de Repsol d'une part de 51% dans YPF, sans l'indemnisation adéquate de la part du gouvernement argentin, entraînerait un affaiblissement significatif des qualités de crédit du groupe", explique dans un communiqué l'agence, qui note "Baa2" le groupe pétrolier.
Fitch avait fait la même mise en garde mardi, en plaçant elle aussi Repsol, qu'elle note "BBB", sous surveillance négative et attendant les "potentiels amendements au plan stratégique du groupe".