Les Occidentaux et des pays arabes ont cherché jeudi à Paris à exercer une pression maximale sur la Syrie, exigeant le déploiement rapide d'une force "robuste" d'observateurs, menaçant de nouvelles sanctions en cas d'échec du plan Annan et évoquant une implication de l'OTAN.
La France, qui accueillait les ministres des Affaires étrangères d'une quinzaine de pays occidentaux et arabes, a imputé au régime de Bachar al-Assad la responsabilité du non-respect du cessez-le-feu prévu par le plan de l'émissaire international Kofi Annan. Au contraire de l'opposition qui "a rempli ses obligations", a dit le chef de la diplomatie Alain Juppé.
L'axe du plan de Kofi Annan, approuvé par le Conseil de sécurité, est l'envoi d'une mission d'observateurs sur le terrain. Actuellement, une trentaine d'entre eux sont déployés, mais une nouvelle résolution de l'ONU est nécessaire pour l'envoi de l'ensemble de la mission, environ 300 hommes, selon le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon.
Sanctions onusiennes demandées
Mais les Occidentaux considèrent qu'il faut exercer encore davantage de pression sur Damas et la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a estimé que le Conseil de sécurité devrait envisager un texte prévoyant des sanctions: interdiction de voyages pour certains responsables du régime, mesures financières et surtout embargo sur les armes à destination de la Syrie.
"Nous devons nous orienter vigoureusement vers le Conseil de sécurité en vue d'une résolution sous le chapitre 7", a dit Hillary Clinton. Ce chapitre de la charte de l'ONU permet d'imposer des mesures à un pays, y compris par la force, "en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d'acte d'agression".
Hillary Clinton a reconnu que, dans ses discussions jeudi à Bruxelles avec son homologue russe Sergueï Lavrov, elle n'avait pas perçu d'évolution de la position russe. Au nom de la non-ingérence dans les affaires intérieures d'un pays, Moscou et Pékin se sont opposés depuis le début de la révolte syrienne il y a plus d'un an à une approche vigoureuse du Conseil de sécurité de l'ONU.
L'OTAN entre en scène
Les Occidentaux continuent de rejeter à ce stade tout recours à la force hors mandat de l'ONU, comme l'a demandé jeudi le commandement de l'Armée syrienne libre (ASL), qui coordonne les actions armées des rebelles. Alain Juppé a expliqué qu'en cas d'échec du plan Annan en Syrie, "d'autres options" seraient envisagées, sans plus de détails.
Dernier élément de pression évoqué jeudi par les Occidentaux, l'implication de l'OTAN, via la Turquie, inquiète de l'afflux de réfugiés sur son territoire et des bombardements à sa frontière. "La Turquie envisage d'invoquer formellement l'article 4 du traité de l'Atlantique Nord, qui déclenche des consultations à l'OTAN si l'intégrité territoriale, l'indépendance politique, ou la sécurité d'une des parties est menacée", a dit Hillary Clinton.
agences/dk
130 morts depuis la début de la trêve
Une semaine exactement après l'instauration du cessez-le-feu, les violences ont continué. Au moins sept civils ont été tués jeudi par les forces syriennes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, portant à 130 le nombre de victimes depuis l'entrée en vigueur de la trêve.
Selon l'OSDH, des combats opposaient jeudi également soldats et rebelles dans plusieurs régions, en dépit de la présence des observateurs de l'ONU et des tirs nourris ont fait un mort à l'issue de leur visite à Herak, dans la province de Deraa (sud).
Une vidéo postée sur Internet montre la poursuite jeudi des bombardements à Homs, ville dans laquelle les observateurs n'ont pour le moment pas été autorisés à se rendre, selon Ban Ki-moon. Damas a expliqué cette décision par des "raisons de sécurité".