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Nicolas Sarkozy devra convaincre l'extrême droite pour gagner

Nicolas Sarkozy devra maintenir une campagne de second tour très à droite, sur la sécurité et l'immigration.
Nicolas Sarkozy devra maintenir une campagne de second tour très à droite, sur la sécurité et l'immigration.
Battu de moins de 2 points par François Hollande au premier tour, Nicolas Sarkozy devra séduire les 18% électeurs qui ont voté pour Marine Le Pen pour battre le socialiste le 6 mai.

Nicolas Sarkozy, devancé de moins de 2 points par le socialiste François Hollande, n'a de chance d'être élu qu'avec les voix de l'extrême droite: un constat qui le contraint à maintenir une campagne de second tour très à droite, sur la sécurité et l'immigration.

Dès dimanche soir, Nicolas Sarkozy a lancé un appel du pied aux 18% de Français qui ont voté pour la candidate du Front national (FN) Marine Le Pen au premier tour, faisant de l'extrême droite la troisième force politique du pays et l'arbitre du second tour le 6 mai.

Appels du pied immédiats

"J'appelle maintenant tous les Français qui mettent l'amour de la patrie au-dessus de toute considération partisane ou de tout intérêt particulier à s'unir et me rejoindre", a déclaré le président-sortant, affirmant comprendre les "souffrances" et "angoisses" exprimées à travers un "vote de crise". Lundi matin, il a ajouté une diatribe contre "l'assistanat", en annonçant l'organisation d'un 1er mai dédié à "ceux qui travaillent dur".

Les sondages donnent François Hollande vainqueur au 2e tour, mais le score de Marine Le Pen laisse planer un doute. [KEYSTONE - AP Photo/Michel Spingler]
Les sondages donnent François Hollande vainqueur au 2e tour, mais le score de Marine Le Pen laisse planer un doute. [KEYSTONE - AP Photo/Michel Spingler]

L'ancienne ministre de la Justice, Rachida Dati, est venue sur les plateaux des télévisions pour expliquer que le résultat de dimanche "valide les thèmes de campagne" défendus par le chef de l'Etat, citant notamment "maîtrise de l'immigration, renforcement des frontières, lutte contre la délocalisation".

Mais tous les analystes estiment que le score historique du Front national s'explique par "l'échec" de la stratégie de siphonnage de l'extrême droite conduite par Nicolas Sarkozy pendant la campagne de premier tour. Cette ligne qui lui avait souri en 2007, lui permettant de rassembler son camp et de l'emporter largement au second tour, "n'a fait que renforcer le FN" dont les électeurs sont revenus au bercail, "préférant l'original à la copie", pour le politologue Gérard Grunberg.

Pas de consigne de Marine Le Pen

Marine Le Pen a donné rendez-vous le 1er mai pour donner sa position, même s'il est peu probable qu'elle donne des consignes de vote, estimant qu'on ne pouvait "pas choisir entre deux candidats interchangeable". Les instituts de sondage ont des mesures très divergentes du report possible des voix de l'extrême droite vers Sarkozy, de 44% à 69%.

Autre possible réserve de voix pour le sortant, l'électorat du centriste François Bayrou (9%) qui devrait se répartir en trois tiers égaux entre blanc ou abstention, Sarkozy et Hollande.

Désormais champion d'une gauche unifiée avec le soutien des communistes et des écologistes, François Hollande va chercher à consolider sa stratégie de rassemblement anti-Sarkozy. Les socialistes courtisent aussi une partie de l'électorat du Front National, notamment les classes populaires déçues par la gauche dans les années 80.

"L'extrême droite est à un haut niveau et Nicolas Sarkozy en est responsable", a estimé lundi François Hollande. "Il y a des électeurs qui ont pu aller vers ce vote par colère. C'est ceux-là que je veux entendre", a poursuivi le favori,  "confiant" dans sa capacité à porter au pouvoir une gauche qui n'a plus présidé le pays depuis 17 ans et plus exercé le pouvoir depuis 10 ans.

agences/cab

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Les résultats officiels du premier tour

François Hollande: 28,63%

Nicolas Sarkozy: 27,18%

Marine Le Pen: 17,90%

Jean-Luc Mélenchon: 11,10%

François Bayrou: 9,13%

Eva Joly: 2,31%

Nicolas Dupont-Aignan: 1,79%

Philippe Poutou: 1,15%

Nathalie Arthaud: 0,56%

Jacques Cheminade: 0,25%

Les prochaines étapes du calendrier politique

- vendredi 27 avril: publication de la liste des candidats du second tour et ouverture de la campagne officielle.

- mercredi 2 mai: date vraisemblable du débat télévisé entre les deux candidats.

- vendredi 4 mai à minuit: fin de la campagne officielle pour le second tour. Interdiction de la publication de sondages.

- dimanche 6 mai: second tour de l'élection présidentielle.

- avant le jeudi 17 mai: investiture du président de la République.

- lundi 21 mai: ouverture de la campagne électorale pour le premier tour des législatives.

- dimanche 10 juin: premier tour des législatives.

- lundi 11 juin: ouverture de la campagne pour le second tour.

- dimanche 17 juin: second tour des législatives.

Les sondages pour le deuxième tour

François Hollande recueillerait 54 à 56% d'intentions de vote au second tour, contre 44 à 46% pour le président Nicolas Sarkozy, selon trois sondages réalisés dimanche au soir du premier tour.

Un sondage Ifop Fiducial pour Europe-1, Paris-Match et Public Sénat lui accorde 54,5% d'intentions de vote contre 45,5% au président sortant. Il indique que les électeurs de Jean-Luc Mélenchon se reporteraient à 83% sur François Hollande et ceux de François Bayrou à 38% pour Nicolas Sarkozy (et 32% pour François Hollande). Les électeurs du FN se reporteraient à 48% sur Nicolas Sarkozy et à 31% pour François Hollande.

Par ailleurs, un sondage Ipsos-Logica Business Consulting pour France Télévisions, Radio France, Le Monde et Le Point donnent un rapport de 54-46 pour François Hollande. Côté report, les électeurs de Jean-Luc Mélenchon se reporteraient à 86% sur François Hollande. Ceux de François Bayrou à 33% pour François Hollande (et 32% pour M. Sarkozy). Les électeurs du FN se reporteraient à 60% sur Nicolas Sarkozy et à 18% pour François Hollande.

Enfin, un sondage CSA pour pour BFM-TV, RMC, i>télé et 20 Minutes donne un rapport encore plus large avec 56-44 pour le candidat socialiste. Pour les reports, les mélenchonistes seraient 93% à se tourner vers lui, tandis que 40% des électeurs de François Bayrou en feraient de même (25% pour Nicolas Sarkozy). Enfin, les électeurs FN se reporteraient à 52% sur le président sortant contre 27% sur François Hollande.