Le régime de Bachar Al-Assad cherche visiblement toujours à gagner du temps: le gouvernement syrien a déclaré mardi qu'il n'accepterait aucun observateur de la Mission de supervision de l'ONU qui serait originaire d'un des pays membres du groupe des Amis de la Syrie (qui inclut notamment les Etats-Unis, la France, le Royaume Uni, l'Allemagne, l'Arabie saoudite et le Qatar).
Cette déclaration intervient alors que 300 observateurs internationaux doivent être déployés à partir de la semaine prochaine en Syrie, pour surveiller le cessez-le-feu.
Kofi Annan "très inquiet"
Le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe, Kofi Annan, a plaidé mardi soir pour un déploiement "rapide" de ces observateurs, mais s'est déclaré "particulièrement inquiet" de la situation en Syrie, la jugeant "inacceptable".
Depuis plusieurs jours, les violences redoublent en effet d'intensité, et ce malgré la présence sur place d'une première équipe de Casques bleus depuis le 16 avril. Neuf civils ont été tués mercredi par les forces du régime dans plusieurs localités syriennes, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Deux personnes avaient été tuées, et trois blessées mardi: des combats entre troupes régulières et déserteurs de l'Armée syrienne libre (ASL) avaient eu lieu à Sitt Zainab, dans la banlieue sud de Damas; à Douma, à une dizaine de kilomètres de la capitale, des explosions et des coups de feu avaient été entendus, selon l'OSDH; une voiture piégée avait explosé dans le centre de la capitale.
Répression après le départ des observateurs
Avec 59 morts, la journée de lundi a été la plus meurtrière depuis l'instauration du cessez-le-feu le 12 avril.
Le Conseil national syrien (CNS), principale composante de l'opposition, accuse par ailleurs les autorités "de se venger de la population en la massacrant après le départ des observateurs". La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a exprimé mardi son indignation à ce sujet, estimant que cela pourrait saper le plan de paix.
ats/ap/ptur
Des opposants syriens se plaignent de la lenteur du déploiement des observateurs
Des militants de l'opposition ont accusé mercredi l'ONU de "jouer avec les vies syriennes" en raison du calendrier, jugé trop lent, du déploiement des observateurs. L'annonce, mardi, que le déploiement de 100 observateurs prendrait encore un mois, a été accueillie avec un mélange de colère et de résignation.
"Il leur faut un mois pour arriver ? Ils viennent à cheval ?", demande un habitant de Homs. Quinze observateurs, sur les 300 autorisés par le Conseil de sécurité de l'Onu, se trouvent déjà en Syrie. "Après un mois, peut-être que 1000 ou 2000 d'entre nous auront été tués - c'est ridicule. Comment la communauté internationale peut-elle regarder cela sans agir vite ?", a déclaré Moussab al Hamadi, un opposant de la province de Hama.
A Hama, après une visite des observateurs, "les gens se sont mis à fuir parce qu'il savent (...) que les forces de sécurité vont venir et arrêter les gens qui leur ont parlé", a-t-il ajouté. "Nous voulons d'eux s'ils disposent de véritables moyens de pression sur le régime. Mais s'ils sont là simplement pour voir comment on se fait tuer, nous ne voulons pas de davantage d'observateurs".