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Le verdict contre Taylor aura de grandes répercussions, selon Ph.Grant

Philip Grant, directeur de TRIAL.
Philip Grant souligne les implications de la condamnation de Charles Taylor.
Pour le directeur de l'association suisse contre l'impunité TRIAL Philip Grant, la condamnation de Charles Taylor aura de grandes répercussions. A l'avenir, les auteurs de crimes de guerre ne seront plus les seuls à être condamnables. Leurs complices aussi. Interview.

Votre réaction à chaud après le verdict de culpabilité prononcé contre Charles Taylor ?

Tout d'abord une grande satisfaction, car c'est la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale qu'un ancien chef d'Etat est condamné par la justice internationale. Ce qui est intéressant ici, c'est que Charles Taylor est condamné en tant que complice des crimes commis par les forces rebelles. Cela signifie qu'une personne qui sait que des crimes sont commis, et qui continue à apporter une aide pratique pouvant contribuer à la poursuite de ces crimes peut être condamnée. Cela pourrait avoir des répercussions importantes pour l'avenir.

Quelles répercussions ?

Il faut attendre de lire attentivement le jugement. Mais on pourrait imaginer que des dirigeants politiques ou des acteurs économiques qui vendent des armes à un régime qui perpétue des crimes contre sa population pourraient être considérés comme complices de ces crimes. En cela, le verdict à l'encontre de Charles Taylor pourrait grandement faire avancer la justice internationale.

N'y a-t-il pas une grande hypocrisie de certains pays qui reçoivent en grande pompe des chefs d'Etat tout en sachant que ceux-ci commettent des atrocités dans leur pays ?

Bien sûr, mais l'hypocrisie n'est pas un crime. Et heureusement car sinon, les prisons seraient pleines! La question est de savoir quand on passe de l'hypocrisie à la complicité. Ce verdict trace une intéressante ligne rouge entre les deux. Les Russes et les Chinois sont par exemple d'une hypocrisie sans nom quand on sait leur soutien actuel au régime syrien. Peut-être qu'un jour, ce rôle de « complices » sera puni.

Peut-on dire aujourd'hui que la justice internationale fait bien son travail ?

Les crimes sont souvent d'une telle ampleur, la chaîne de commandement est si étendue qu'il est impossible de punir tous les responsables. On ne trouvera pas de solution parfaite pour juger les crimes commis au Soudan, en Ouganda ou encore en République démocratique du Congo. Mais l'important, c'est que les décisions de la justice internationale commencent à avoir des incidences au niveau national.

Y compris en Suisse?

Oui, notre pays a par exemple modifié l'an dernier son code pénal pour punir les supérieurs politiques ou militaires qui auraient connaissance d'un crime de guerre, mais qui ne feraient pas le nécessaire pour punir son auteur, ce qui est un acquis de la justice internationale. Celle-ci avance, lentement, mais je suis convaincu que l'on verra bientôt d'autres complices de crimes atroces répondre de leurs actes devant des tribunaux internes.

Propos recueillis par Cécile Rais

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Portrait de TRIAL

TRIAL, pour TRack Impunity ALways, est une association fondée en 2002 et basée à Genève qui regroupe des juristes, des responsables d'ONG et des victimes.

Son but est "de mettre le droit au service des victimes des crimes les plus graves (génocides, crimes contre l'humanité, crimes de guerre, tortures et disparitions forcées)."

Ses activités vont de l'organisation de conférences et de manifestations au dépôt de plaintes civiles ou pénales en passant par l'élaboration d'une base de données recensant les procédures relatives aux crimes de génocide, crimes contre l’humanité, crimes de guerre, torture et disparitions forcées.