Toujours omniprésents, les militaires maliens qui s'étaient emparés du pouvoir le 22 mars, avant de le rendre, ont affirmé mardi avoir repoussé à Bamako une offensive menée lundi par les forces loyales au président Amadou Toumani Touré (ATT). Les affrontements, violents, ont fait au moins quatorze morts et quarante blessés.
Mardi matin, un représentant de l'ex-junte est apparu à la télévision pour "rassurer" la population, affirmant que la situation était "sécurisée" à Bamako après des "attaques" visant, selon lui, à "déstabiliser le processus de retour à l'ordre constitutionnel". Dans le même temps, des tirs nourris étaient entendus près du camp des soldats loyalistes appelés "bérets rouges", situé dans le centre de la capitale malienne.
La situation est redevenue calme en fin de matinée, à l'exception de quelques tirs sporadiques.
Engins blindés devant l'ORTM et l'aéroport
Lundi en fin d'après-midi, les forces restées loyales au président ATT avaient mené pendant plusieurs heures des attaques contre le camp des ex-putschistes à Kati près de Bamako, l'aéroport et la radio-télévision nationale (ORTM), occupée par les partisans du chef de la junte, le capitaine Amadou Haya Sanogo, depuis le coup d'Etat du 22 mars.
Des engins blindés étaient encore postés mardi en cours de journée devant l'ORTM et à l'aéroport, et des hommes de la junte procédaient à la fouille des véhicules à la recherche des "bérets rouges", a-t-on constaté. Ce qui semble confirmer que les combats contre les forces loyalistes ont tourné en faveur des ex-putschistes.
Nombreuses arrestations
Un mois et demi après le putsch, l'offensive s'apparente à une tentative de "contre-coup d'Etat" des "bérets rouges" fidèles à ATT, dont le pays est en train de sombrer dans le chaos, sa partie nord étant entièrement occupée par des groupes armés, islamistes, Touareg et criminels.
Deux semaines après avoir renversé ATT, la junte avait signé le 6 avril avec la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) un accord par lequel elle acceptait de rendre le pouvoir aux civils par la mise en place d'organes de transition, dirigés par un président intérimaire, Dioncounda Traoré, un Premier ministre, Cheick Modibo Diarra, et un gouvernement "d'union nationale".
Dans la réalité, les hommes de l'ex-junte se sont comportés comme s'ils étaient toujours les véritables maîtres de Bamako, procédant à de nombreuses arrestations dans les milieux politiques et militaires proches de l'ancien président.
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