Un militant de Greenpeace a survolé mercredi matin la centrale nucléaire française du Bugey, dans le département de l'Ain (centre-est de la France), avec un parapente à moteur. Selon l'organisation de défense de l'environnement, "le pilote a déposé deux fumigènes sur le dôme de l'un d'eux, puis s'est posé sur sol en déposant un nouveau fumigène".
Le pilote de l'engin a été arrêté ainsi qu'une seconde personne à l'extérieur du site, qui selon les forces de l'ordre "pourrait avoir servi de guide au pilote de l'engin".
Une autre intrusion a eu lieu quelques heures plus tard sur le site de Civaux, dans le département de la Vienne (centre-ouest de la France). Un homme présenté comme un "poète-escaladeur" a réussi à déjouer la surveillance des vigiles d'entrée en profitant de la présence d'un camion de livraison. Il était toujours sur site à 13h45 (11H45 GMT), selon la gendarmerie.
Ces incursions ont eu lieu alors qu'en Suisse le site de l'ancienne centrale nucléaire de Lucens a été placé sous une nouvelle surveillance (Lire: Le site de l'ancienne centrale nucléaire de Lucens sous surveillance).
Message aux deux candidats
Dans les deux cas, l'objectif était d'adresser un message aux deux candidats à l'élection présidentielle (Nicolas Sarkozy et François Hollande), qui débattent ce mercredi soir à la télévision. "On voulait illustrer une agression externe, type chute d'avion", a expliqué Sophia Majnoni, chargée des questions nucléaires à Greenpeace France. La catastrophe de Fukushima au Japon "nous a enseigné que le plus improbable peut arriver", a ajouté la responsable en rappelant que l'Allemagne a pris en compte la chute d'avion dans ses tests de sûreté.
Greenpeace publie sur son site Internet une étude réalisée sur la vulnérabilité des centrales nucléaires françaises aux chutes d'avion. L'organisation a aussi mis en ligne une vidéo montrant le survol de l'usine de retraitement de la Hague (nord de la France), effectué fin 2011. Des tonnes de déchets radioactifs en provenance de France, de Suisse, d'Allemagne, de Belgique, des Pays-Bas et du Japon sont stockés et traités sur ce site.
La vidéo du survol de la Hague:
(source: Greenpeace France)
Paris se défend
Détecté "très rapidement", le parapente à moteur était suivi "avant même qu'il ne survole la centrale", a assuré le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Pierre-Henry Brandet, précisant avoir eu connaissance "qu'il s'agissait d'un militant écologiste menant une action médiatique".
Dans la matinée, EDF a assuré dans un communiqué que "la sûreté des installations" de la centrale nucléaire du Bugey (Ain) n'avait "à aucun moment été remise en cause".
afp/ap/bri
Hollande assure vouloir fermer Fessenheim
François Hollande a réagi sur RMC et BFMTV, déclarant "faire confiance à l'Autorité de sûreté nucléaire" qui a la responsabilité de "toutes les informations sur la protection de nos centrales". "Greenpeace n'en est pas à son premier coup d'éclat", a-t-il ajouté.
Le candidat à la présidentielle a par ailleurs affirmé que la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim était "la seule à l'ordre du jour du quinquennat", lors d'un entretien accordé lundi à l'association des journaux de l'Est de la France. Elle devrait avoir lieu en 2017. "La centrale aura alors 40 ans, ce qui correspond à la durée de vie d'une telle installation", a précisé François Hollande. Le personnel devrait être reclassé et Fessenheim deviendra un site pilote pour la démantèlement des centrales en fin de vie. "C'est un enjeu industriel majeur", a estimé le candidat PS à la présidentielle.
"J'ai confiance dans l'industrie nucléaire", a-t-il aussi assuré, tout en indiquant vouloir "arriver à 50% d'énergie nucléaire dans la production d'électricité à l'horizon 2025" contre 75% aujourd'hui.
Une démonstration en décembre dernier
En décembre 2011, des militants de Greenpeace qui voulaient illustrer les failles de la sécurité des installations nucléaires avaient mené une opération spectaculaire en réussissant à s'introduire dans les centrales de Nogent-sur-Seine (nord-est) et celle de Cruas (sud).