François Hollande n'a pas fait mentir les derniers sondages. Les Français ont choisi dimanche l'ancien secrétaire général du PS pour être leur nouveau président de la République, à près de 52% des voix. Le candidat socialiste a été élu avec 51,62% des voix contre 48,38 au chef de l'Etat sortant Nicolas Sarkozy, selon des résultats quasi définitifs du Ministère de l'Intérieur. Les citoyens français se sont par ailleurs massivement rendus aux urnes, puisque les derniers chiffres estiment la participation pour ce scrutin à 80,34%.
(Voir: François Hollande, du politicien sans charisme au président rassembleur)
Contrairement à leurs compatriotes établis dans l'Hexagone, les Français de Suisse ont voté en faveur de Nicolas Sarkozy. Celui-ci récolte entre 55% et 60% des suffrages.
Le résultat de cette élection a été plusieurs fois qualifié d'"historique": jusqu'ici, le seul homme de gauche à avoir occupé les plus hautes fonctions sous la Ve République était François Mitterrand, de 1981 à 1995.
(Voir: La gauche de retour à l'Elysée 17 ans après un autre François)
"Je serai le président de tous"
François Hollande a pris la parole peu avant 21h30 dimanche, dans son fief corrézien de Tulle, face à des milliers de sympathisants présents pour l'acclamer. "Les Français, en ce 6 mai, viennent de choisir le changement. Je mesure l'honneur qui m'est fait, et la tâche qui m'attend", a déclaré le nouveau chef de l'Etat. "Je m'engage à servir mon pays avec dévouement et exemplarité". Le socialiste a adressé un "salut républicain à Nicolas Sarkozy et exprimé sa "gratitude" à "celles et ceux qui [avaient] rendu son élection possible".
François Hollande a également invoqué le leitmotiv de sa campagne électorale, le rassemblement: "Que [ceux qui n'ont pas voté pour moi] sachent bien que je respecte leurs convictions, et que je serai le président de tous. Il n'y a pas deux Frances qui se font face".
"Bonne chance"
A l'issue de son discours à Tulle, le nouveau président de la République s'est rendu en jet privé à Paris, place de la Bastille, où des milliers de personnes s'étaient réunies depuis la fin de l'après-midi pour célébrer la victoire de leur favori.
Nicolas Sarkozy avait, pour sa part, pris la parole peu après l'annonce des premiers résultats à 20 heures, à la salle de la Mutualité dans le 5e arrondissement de Paris. Affirmant porter "toute la responsabilité de cette défaite", le président sortant a souhaité au nouveau chef d'Etat "bonne chance" pour "traverser les épreuves" et remercié les Français de leur soutien durant ces cinq dernières années.
"François Hollande est le nouveau président et doit être respecté", a-t-il affirmé à ses militants qui huaient François Hollande.
"Attelage austéritaire" brisé
Parmi les nombreux politiques à commenter le résultat du scrutin, le leader du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, a salué un "événement considérable". "Nous venons de briser l'attelage austéritaire entre Mme Merkel et M. Sarkozy. (...) Je souhaite le meilleur à François Hollande, comme à notre pays", a-t-il réagi.
"François Hollande a été récompensé pour la cohérence de sa campagne. Les Français peuvent lui faire confiance" s'est également félicitée Ségolène Royal, candidate socialiste malheureuse à la présidentielle de 2007.
A droite, la porte-parole de l'UMP, Nathalie Kosciusko-Morizet, a accusé Marine Le Pen d'avoir offert les voix du Front national à François Hollande en ne donnant pas de consigne de vote à ses électeurs, ce a quoi la chef du parti d'extrême-droite a rétorqué que Nicolas Sarkozy était "seul responsable" de la victoire du socialiste.
Tous les membres de l'UMP interrogés au cours de la soirée électorale n'ont eu qu'un seul mot d'ordre: l'appel à l'unité et à la mobilisation en vue des élections législatives du mois de juin, afin de ne "pas laisser tous les pouvoirs" à la gauche.
En Europe, les principaux dirigeants européens ont aussi rapidement adressé leurs félicitations au nouveau président, la chancelière allemande Angela Merkel invitant même le socialiste en Allemagne prochainement. Plusieurs élus suisses ont aussi analysé les conséquences pour les relations franco-helvétiques.
Voir Les dirigeants étrangers, y compris suisses, félicitent François Hollande
Pauline Turuban