Publié

Kofi Annan veut croire à son plan de paix pour la Syrie

Kofi Annan estime que son plan de paix est "sans doute la dernière chance d'éviter la guerre civile" en Syrie. [Denis Balibouse]
Kofi Annan estime que son plan de paix est "sans doute la dernière chance d'éviter la guerre civile" en Syrie. - [Denis Balibouse]
Le médiateur de l'ONU pour la Syrie, Kofi Annan, a défendu son plan de paix mardi devant le Conseil de sécurité, malgré les nombreuses entorses faites au cessez-le-feu depuis son instauration le 12 avril.

Le médiateur de l'ONU pour la Syrie, Kofi Annan, a défendu son plan de paix mardi devant le Conseil de sécurité, jugeant qu'il était "sans doute la dernière chance d'éviter la guerre civile" dans le pays, malgré les nombreuses entorses faites au cessez-le-feu. Plus de 800 personnes ont perdu la vie en Syrie depuis son instauration le 12 avril.

Kofi Annan, qui rendait compte de l'application de son plan par vidéoconférence, a averti que sa mission "n'était pas illimitée dans le temps". "Ce plan reste l'unique chance de stabiliser le pays", a-t-il ensuite ajouté lors d'une conférence de presse à Genève. "Nous devons arrêter les tueries", a-t-il lancé.

Activité militaire en légère baisse

L'émissaire spécial a indiqué que "l'activité militaire [avait] légèrement diminué", mais qu'il "y [avait] toujours de sérieuses violations" du cessez-le-feu, "commises par les forces de l'ordre syriennes mais aussi des actes perpétrés contre les forces gouvernementales".

Pour sa part, le chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Hervé Ladsous, a noté une "réduction sensible" de l'utilisation des armes lourdes par les forces syriennes, tout en précisant que des opérations militaires plus discrètes et des vagues d'arrestations avaient toujours lieu.

Kofi Annan a convenu qu'il était "très difficile de convaincre les parties en présence de déposer les armes", mais a néanmoins exhorté "tous ceux qui ont des armes" à s'asseoir à la table des négociations.

300 observateurs attendus pour la fin du mois

Le médiateur de l'ONU a par ailleurs indiqué qu'il espérait que les 300 observateurs de l'ONU seraient tous déployés d'ici la fin du mois, et a estimé qu'ils "auront à ce moment là un impact bien supérieur". Actuellement, 66 observateurs sont sur place, répartis en six endroits du pays, selon un porte-parole de l'ONU.

Kofi Annan, qui était allé une seule fois à Damas en mars, devrait de nouveau se rendre dans la capitale syrienne dans les semaines qui viennent.

afp/ptur

Publié

Elections législatives décriées

L'intervention de Kofi Annan est intervenue au lendemain d'élections législatives boycottées par l'opposition et dénoncées par la communauté internationale. Lundi, jour du vote en Syrie, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) avait recensé 25 morts dans des violences à travers le pays.

La France a qualifié le scrutin de "farce sinistre", tandis que les Etats-Unis ont estimé qu'"organiser des élections législatives dans ce genre d'atmosphère [frisait] le ridicule".

Pékin, soutien de Damas, a espéré que les législatives aideraient "à promouvoir le processus de réformes", et l'Iran, dont Bachar al-Assad est un allié stratégique, a salué ce vote. La presse syrienne, officielle ou proche du régime, s'est de son côté félicitée de ces élections, dont le taux de participation a atteint environ 60% "malgré les menaces et les opérations terroristes", selon le quotidien Al-Watan.

Interrogé mardi sur ces législatives, Kofi Annan a répondu que le gouvernement devrait comprendre qu'il "faudrait peut-être de nouvelles élections". Selon l'ancien secrétaire général de l'ONU, la consultation n'est pas celle qui est prévue dans son plan de paix, qui préconise un "dialogue" entre gouvernement et opposition.

La communauté internationale oscille entre détermination et lassitude

Quelques heures avant l'exposé de Kofi Annan, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a estimé que le monde était désormais "engagé dans une course contre la montre pour éviter une véritable guerre civile" en Syrie.

Affirmant avoir perdu "tout espoir", le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a de son côté estimé que l'ONU avait "besoin de 1000, 2000, peut-être 3000 observateurs, soit une mission majeure en mesure de visiter le pays tout entier et de voir ce qui s'y passe".

Les Etats-Unis restent déterminés à accroître la pression sur le président syrien Bachar al-Assad pour qu'il quitte le pouvoir, a déclaré mardi à New York l'ambassadrice américaine à l'ONU, Susan Rice. Les Etats-Unis souhaitent que le plan Annan réussisse, a rappelé l'ambassadrice, mais sont prêts en cas d'échec à chercher "d'autres mesures", telles que des sanctions, contre Damas.