La Grèce recevra 4,2 milliards d'euros d'aide jeudi sur les 5,2 que ses créanciers devaient lui verser à cette date en dépit de l'incertitude politique qui pèse sur le pays, a indiqué mercredi à l'AFP une source gouvernementale européenne au fait des discussions."Le milliard supplémentaire initialement prévu n'était pas nécessaire dans l'immédiat", a précisé cette source.
Mais au-delà de cette échéance, c'est l'incertitude: toujours en quête d'un gouvernement, la Grèce s'affirme disposée à remettre en cause ses engagements de rigueur, massivement rejetés par l'électorat dimanche, un recul qui repose la question de son maintien dans l'euro.
La lettre de Tsipras
Le dirigeant de la gauche radicale grecque (Syriza), Alexis Tsipras, chargé entre mardi et mercredi de tenter de former un gouvernement, a d'ailleurs envoyé aux créanciers publics une lettre expliquant que le verdict populaire rend caducs les engagements du pays. Une position qu'il aura du mal à faire accepter.
Berlin a d'ores et déjà exclu toute renégociation des accords conclus. A Paris, le ministre sortant des Affaires étrangères, Alain Juppé, juge la situation en Grèce "extrêmement préoccupante", ajoutant que "les mises en cause des traités qui ont été si difficilement négociés risquent de provoquer des turbulences difficilement contrôlables".
Fermeté affichée également par la Banque centrale européenne (BCE): "il doit être clair pour la Grèce qu'il n'y a pas d'alternative au programme d'assainissement convenu si elle veut rester membre de la zone euro", a déclaré Jörg Asmussen, membre du directoire .
Echéances
Par ailleurs, la Grèce sera confrontée à une première échéance le 15 mai, quand elle devra rembourser quelque 450 millions d'euros d'obligations que ses détenteurs ont refusé d'effacer dans le cadre de la vaste opération de restructuration de la dette.
Athènes doit en outre rembourser quelque 3,3 milliards d'euros d'ici le 18 à la Banque centrale européenne.
Le versement de la tranche d'aide suivante, au-delà du 10 mai, par les créanciers internationaux de la Grèce, devait initialement être décidée en fonction des discussions entre les bailleurs de fond et les autorités grecques prévues en juin, mais désormais hypothétiques.
Selon les analystes de Credit Suisse, de ce nouveau feu vert dépend le versement d'une tranche d'aide de 23 milliards d'euros destinés à la recapitalisation des banques grecques, et de 8 milliards supplémentaires pour aider Athènes à faire face à ses échéances de remboursement, réduire son déficit et assurer le paiement d'arriérés
afp/pym
Le point sur la crise dans la zone euro mercredi
BRUXELLES - Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a estimé qu'il n'y aurait pas de renégociation du pacte de discipline budgétaire signé en mars par 25 pays de l'UE, contrairement à ce que souhaite le président français élu, François Hollande.
BERLIN- Tous les pays ayant signé le pacte budgétaire doivent respecter cet accord, a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel, semblant s'adresser à la France et la Grèce, lors d'une conférence de presse à Berlin.
BERLIN - Le président du parti social-démocrate allemand (SPD), Sigmar Gabriel, a reproché à la chancelière Angela Merkel d'être responsable du renforcement des partis extrémistes en Grèce, qualifiant sa politique "diktat économique dénué d'imagination".
PORTO - L'Espagne continuera de défendre le pacte budgétaire et restera fidèle à sa propre politique d'austérité, a assuré le chef du gouvernement conservateur espagnol, Mariano Rajoy.
MADRID - Le gouvernement espagnol imposera aux banques du pays de passer de nouvelles provisions pour se protéger de leur exposition au secteur immobilier sinistré, selon le ministère de l'Economie.
PARIS - Les investisseurs cherchaient la sécurité et se ruaient sur la dette allemande, dont le taux à 10 ans était au plus bas historique, tout en évitant l'Espagne, dont le rendement repassait au-dessus de 6%, en raison des craintes qui pèsent sur la Grèce et la zone euro.
PARIS- Michel Sapin, un proche du président élu François élu a estimé que la "très faible croissance (en Europe) rend impossible, sans catastrophe sociale et éventuellement politique, on le voit à certains endroits, la remise en ordre des comptes publics".
FLORENCE - Le chef du gouvernement italien Mario Monti a appelé à une "coalition des bonnes volontés" au sein de l'UE pour promouvoir la croissance, avant une réunion extraordinaire des dirigeants européens prévue à Bruxelles le 23 mai.
MADRID - Les "indignés" veulent reprendre la rue du 12 au 15 mai, à l'occasion de leur 1er anniversaire sous le slogan "Nous ne sommes pas des marchandises aux mains des politiques et des banquiers": des manifestations sont convoquées dans environ 80 villes d'Espagne le 12 mai, dont Madrid et Barcelone.