Le chef de l'Etat grec, Carolos Papoulias, a abattu lundi soir une dernière carte pour tenter d'éviter au pays de nouvelles élections et de rassurer la zone euro, en proposant un gouvernement de personnalités "non politiques" et une nouvelle réunion des dirigeants de partis mardi.
Cette rencontre sera précédée d'un tête à tête entre Carolos Papoulias et le transfuge conservateur Panos Kammenos, appelé en renfort des trois partis qui tentent d'éviter une sortie du pays de l'euro, après avoir été dans un premier temps tenu à l'écart des tractations.
Son parti nationalo-populiste des Grecs indépendant a remporté 33 députés sur 300 aux élections législatives du 6 mai. Le dirigeant de la gauche radicale du Syriza, propulsé deuxième force politique du pays pour son rejet total des recettes UE-FMI d'austérité, a accepté de participer à la réunion de mardi, après avoir refusé de participer à celle de lundi. (Lire: La Gauche radicale rejette de nouvelles tractations en Grèce)
Seuls le parti communiste KKE, qui campe sur un isolement assumé, et la formation néonazie Chryssi Avghi (Aube Dorée) seraient absents. L'annonce de la proposition de Carolos Papoulias a été faite par le chef du Pasok socialiste Evangélos Vénizélos à l'issue d'une nouvelle réunion jusque là présentée comme de dernière chance.
Un gouvernement de technocrates?
Selon Evangélos Vénizélos, l'option d'un "gouvernement de personnalités non-politiques, qui sera soutenu au parlement par le plus grand nombre de députés", a été proposée par Carolos Papoulia "pour éviter les élections (...) et permettre au pays de revendiquer le dépassement définitif du memorandum et de sortir de la crise".
Pour être soutenu au parlement, un gouvernement de technocrates doit pouvoir prétendre réunir 151 députés au moins, sur les 300 que compte le parlement. La constitution ne limite pas le temps donné à Carolos Papoulia pour tenter d'arracher un accord des chefs politiques à son projet, mais le délai expirera de fait à
la formation, le 17 mai, du nouveau parlement.
Evangélos Vénizéloss, dont le parti a été laminé par les électeurs le 6 mai (41 députés seulement), a immédiatement apporté son soutien à la proposition de Carolos Papoulia. Son rival conservateur du parti de la Nouvelle-Démocratie, Antonis Samaras, s'est lui aussi déclaré prêt à discuter de la formule.
Le chef du petit parti de gauche pro-européen Dimar, Fotis Kouvelis, la quant à lui rejeté, réitérant son refus d'un attelage gouvernemental auquel ne participerait pas son rival à gauche, Alexis Tsipras. Il a toutefois affirmé qu'il participerait à la réunion de mardi.
Renégociation des conditions du memorandum
Tous les trois ont souligné avec des mots différents que ce gouvernement aurait pour mission d'assouplir et de renégocier à plus ou moins long terme les conditions drastiques fixées à la Grèce par le memorandum d'accord proposé par l'Union européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds Monétaire International réunis au sein d'une "troika".
Si la dernière tentative de du président Carolos Papoulias échouait, la Grèce s'acheminerait vers de nouvelles élections mi-juin, qui pourraient voir les partis opposés à l'austérité obtenir la majorité et entraîner le pays vers une possible sortie de la zone euro. Dans ce contexte, les bourses européennes ont plongé lundi. (Lire: Les Bourses européennes plongent sur fond de crise grecque)
agences/mre