La Grèce va devoir retourner aux urnes d'ici fin juin, faute d'accord entre ses dirigeants sur un gouvernement de coalition après les législatives du 6 mai, qui ont désavoué les politiques d'austérité administrées au pays depuis deux ans, privant leurs artisans de majorité.
Le dirigeant socialiste et ex-ministre des Finances Evangélos Vénizélos a le premier annoncé cet échec, à l'issue d'une réunion de la dernière chance convoquée par le chef de l'Etat, Carolos Papoulias. "Nous allons hélas de nouveau vers des élections, dans quelques jours, sous de très mauvaises conditions", a-t-il affirmé.
Selon les médias grecs, la date la plus probable du nouveau scrutin est le 17 juin, soit dans un délai d'un mois après la dissolution de la chambre issue des législatives du 6 mai, prévue jeudi, quand elle se réunira pour la première fois.
Dans un communiqué lu en direct par une journaliste de la télévision publique Net, la Présidence a confirmé l'échec des "efforts de formation d'un gouvernement" et annoncé une réunion des dirigeants politiques mercredi "pour la formation d'un gouvernement" devant assurer la gestion des affaires courantes avant le nouveau scrutin.
Dernier recours
Invoquant le "danger" pesant sur le pays du fait de l'instabilité politique, Carolos Papoulias avait tenté ce dernier recours en proposant aux partis de s'entendre sur un cabinet de technocrates, censé parer aux menaces de faillite et de sortie de l'euro pesant sur le pays.
L'échec grec était prévisible depuis plusieurs jours, du fait du refus catégorique de la gauche radicale du Syriza, propulsée deuxième parti le 6 mai grâce à son rejet sans ambages des recettes UE-FMI d'austérité appliquées au pays depuis 2010, de nouer des alliances avec les partis conservateur et socialiste ayant ratifié ces diktats. Le Dimar, issu d'une scission du Syriza avait conditionné son ralliement à une participation du Syriza, seul apte selon lui à prendre en compte le verdict des urnes.
En désespoir de cause, Carolos Papoualias avait tenté de rallier aussi la formation nationalo-populiste Grecs Indépendants de Panos Kammenos, qui avait conquis 33 députés le 6 mai en s'opposant aussi frontalement au mémorandum, la feuille de route des politiques d'austérité dictée par les créanciers du pays.
"Les forces politiques qui soutiennent le memorandum (le plan d'austérité) insistent pour malmener le peuple. Ils préfèrent les créanciers à une unité nationale", a affirmé Panos Kammenos à sa sortie de la réunion.
La gauche radicale favorite
Selon des sondages cette semaine, le Syriza arriverait en tête aux prochaines élections, avec un programme combinant rejet du memorandum et maintien du pays dans l'euro, ce qui a jusque là été rejeté comme inacceptable par les partenaires de la Grèce dans la zone euro.
Après des déclarations menaçantes ces derniers jours la zone euro a certes envoyé lundi soir un message de soutien en réaffirmant son soutien "inébranlable" au maintien de la Grèce dans l'Union monétaire, tandis que nombre de décideurs économiques soulignaient qu'une sortie grecque de l'euro coûterait très cher à l'économie européenne. (Lire: La zone euro ne veut pas lâcher la Grèce et maintient son soutien)
Avant la concrétisation de l'échec, l'annonce officielle d'un recul de 6,2% du PIB grec au premier semestre 2012 a de fait confirmé la gravité de la situation économique du pays, qui est entré dans sa cinquième année consécutive de récession, au prix d'une envolée du chômage à plus de 20%.
agences/jzim/mre
L'euro décroche après l'échec des discussions
L'euro a chuté lourdement dès l'annonce du naufrage des tractations grecques, tombant sous le seuil de 1,28 dollar pour la première fois depuis quatre mois. Les différentes Bourses européennes ont aussi immédiatement piqué du nez pour se retrouver dans le rouge.
Retraits massifs d'argent
Les retraits d'argent dans les banques grecques ont atteint 700 millions d'euros lundi, a indiqué le président de la République Carolos Papoulias aux chefs des partis politiques grecs qu'il a reçus.
"Lors d'un entretien téléphonique avec le gouverneur de la Banque de Grèce, Georges Provopoulos, ce dernier m'a informé que la situation des banques était très difficile" et "que le système bancaire était actuellement très faible".
"Les retraits ont atteint la somme de 700 millions d'euros jusqu'à 16H00 lundi (13H00 GMT)", a déclaré Carolos Papoulias, estimant par ailleurs que "la situation" serait "pire au cours des deux prochains jours".
"Georges Provopoulos a dit qu'il n'y avait pas de panique mais qu'il y avait une grande inquiétude qui pourrait se transformer en panique", a ajouté Carolos Papoulias.