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Portrait de Jean-Marc Ayrault, nouveau Premier ministre français

Le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault, le 17 mars 2010 à Nantes
François Hollande entend redonner tout son contenu à la fonction de Premier ministre, désormais occupée par Jean-Marc Ayrault.
Fidèle à François Hollande, Jean-Marc Ayrault a été nommé Premier ministre de la France ce mardi. Retour sur le parcours du politicien socialiste, de ses premiers pas en politique, jusqu'à son entrée à Matignon.

Le nouveau Premier ministre français Jean-Marc Ayrault est un fils d'ouvrier dont la fidélité à François Hollande, la modération politique et les convictions européennes mâtinées de germanophilie ont été déterminantes pour le choix du président.

Agé de 62 ans, marié et père de deux filles, il est depuis 1989 maire de Nantes et depuis 1997 président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale. Il n'avait jamais occupé jusqu'ici de poste gouvernemental, ce qui ne l'a pas empêché d'être préféré aux "éléphants" socialistes comme Martine Aubry.

François Hollande entend redonner tout son contenu à la fonction de Premier ministre, vidée en grande partie de sa substance sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Jean-Marc Ayrault doit donc être un véritable chef de gouvernement censé, selon la Constitution de la Ve République, au moins conduire la politique de la Nation.

Sa parfaite maîtrise de la langue allemande, à l'heure où l'axe Paris-Berlin bat de l'aile sur les dossiers économiques, son profil "social-démocrate" propre à rassurer les marchés, un style réservé et une connaissance parfaite du Parlement lui donnent un profil considéré comme idéal par ses partisans.

Ce fils d'un ouvrier du textile devenu entrepreneur a enseigné l'allemand au lycée jusqu'à sa première élection à l'Assemblée en 1986 et il ne sort pas des pépinières traditionnelles de dirigeants français comme l'ENA. Il pourrait donc prétendre, à l'image du nouveau chef de l'Etat, au titre "d'homme normal", tant il a toujours évité les éclats.

Idéologie de centre-gauche

Quand la gauche était au pouvoir (1997-2002), comme dans l'opposition (2002-2012), il a continuellement présidé le groupe socialiste de l'Assemblée, tissant peu à peu sa toile. Ses liens avec les autres partis socialistes européens, notamment le SPD allemand, lui ont valu dans l'équipe de campagne de François Hollande la place de conseiller spécial chargé de ces liens internationaux.

A Matignon, Jean-Marc Ayrault s'installera avec un bagage idéologique plutôt de centre-gauche. La lutte des classes n'a jamais été la tasse de thé de ce natif de Maulévrier (Maine-et-Loire) qui a commencé son militantisme à l'adolescence au Mouvement rural de jeunesse chrétienne, puis à la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) avant d'adhérer à 21 ans au Parti socialiste, en 1971.

Il y sera d'abord proche de Jean Poperen, chef de file d'un courant laïc et marxiste mais s'en détachera pour se rapprocher de Michel Rocard, Premier ministre en 1988-1991 et de Jacques Delors, qui sera président de la Commission européenne. Un premier mandat de conseiller général à 26 ans, puis des victoires par surprise à l'élection municipale de Saint-Herblain à 27 ans en 1977 puis à Nantes en 1989, à 39 ans, lancent une carrière d'élu local dont la réussite est incontestée.

Il a été élu dès le premier tour en 1989, 1995, 2001 et 2008 à Nantes, qui, avec 50'000 habitants gagnés depuis 1990, est devenue la principale métropole du Grand Ouest, et a connu un fort développement économique et culturel.

ats/mre

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La droite l'accuse de clientélisme

La droite impute le succès de Jean-Marc Ayrault à son supposé "clientélisme". Il a été condamné en 1997 à six mois de prison avec sursis pour "favoritisme" en raison de l'attribution du marché d'impression du journal municipal à un proche du PS, sans appel d'offres.

Jean-Marc Ayrault estime que ce dossier ne met pas en cause sa probité. Pour la droite, la nomination de Jean-Marc Ayrault constitue ainsi la première entorse aux engagements du président socialiste, François Hollande, qui avait fait de la moralisation de la vie publique un de ses thèmes de campagne. "Je n'aurai pas autour de moi des personnes jugées et condamnées", avait assuré François Hollande le 14 avril.