Le premier Conseil des ministres du quinquennat de François Hollande, le nouveau président français, a eu lieu jeudi dès 15h00, alors que la majorité des Français étaient en congé en raison du jeudi de l'Ascension.
Les 34 membres du gouvernement -17 hommes et 17 femmes- ont franchi à pied la porte de l'Elysée, saluant plusieurs dizaines de personnes massées dans la rue, et se prêtant au jeu des photographes. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault était arrivé le premier, suivi de peu par la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem.
Baisse des salaires
Destinée à rompre avec le quinquennat du sortant conservateur Nicolas Sarkozy, la première mesure qu'a prise le Conseil a été la baisse de 30% de la rémunération de ses ministres. La baisse promise de la rémunération du président de la République et du Premier ministre, également de 30%, devra faire l'objet d'une loi, a précisé la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem. "Cette loi sera bien adoptée" et "elle prendra effet dès le 15 mai comme pour les ministres", a-t-elle ajouté.
La rémunération brute d'un ministre sera de 9940 euros au lieu de 14'200 actuellement (11'940 francs contre 17'055), précise le compte-rendu du conseil des ministres, fourni par l'Elysée. Celle du président de la République et du Premier ministre sera de 14'910 euros, au lieu de 21'300 euros jusqu'à présent (17'910 francs contre 25'580).
"C'est l'exemplarité", avait affirmé mercredi soir Jean-Marc Ayrault, expliquant que le nouveau pouvoir estime que la crise requiert des efforts pour tous les Français. Quelques semaines après l'élection de Nicolas Sarkozy en 2007, le traitement du chef de l'Etat avait été augmenté de 170%, passant de 7000 à 19'000 euros (de 8400 à 22'800 francs), pour l'aligner sur celui du premier ministre. Cette hausse avait provoqué une vive polémique.
Train de vie plus modeste
Les ministres ont signé la charte de déontologie proposée par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, a précisé Fleur Pellerin, la nouvelle ministre déléguée aux PME, à l'innovation et à l'économie numérique. Les ministres vont voyager modestement. Les budgets de fonctionnement des ministères et des cabinets sont réduits de 10%.
Une déclaration d'intérêts -visant à écarter les risques de conflits d'intérêts- doit aussi être remplie dans les jours à venir.
Le Conseil des ministres a par ailleurs demandé à la Cour des comptes la remise d'un rapport sur l'état des finances publiques du pays.
agences/bri
Traité européen: les conditions
Le nouveau ministre français de l'Economie et des Finances, Pierre Moscovici, a réaffirmé jeudi que la France ne ratifierait pas le traité européen de discipline budgétaire qu'elle a signé si un volet de croissance n'y était pas adjoint.
Selon lui, la construction européenne doit être réorientée, sans pour autant "tourner le dos à la responsabilité budgétaire".
Il a aussi répété que Paris souhaitait le maintien dans la zone euro de la Grèce.
Une grande première
Seuls cinq ministres ont déjà connu l'expérience d'un conseil des ministres: Laurent Fabius (Affaires étrangères), Pierre Moscovici (Economie), Jean-Yves Le Drian (Défense), Michel Sapin (Travail), Marylise Lebranchu (Réforme de l'Etat).
Ni le président François Hollande, ni le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, n'ont jamais appartenu à un gouvernement.