Le Parlement québécois a adopté vendredi à l'initiative du gouvernement de Jean Charest une "loi spéciale" illustrant la ligne dure adoptée face aux étudiants en grève depuis plus de trois mois et critiquée par beaucoup pour les limitations aux libertés qu'elle met en place. Ce texte, approuvé par 68 voix pour et 48 contre, restreint notamment le droit de manifester et prévoit de lourdes amendes pour les contrevenants.
Les leaders étudiants ont exprimé à la fois leur amertume et leur détermination. Ils ont appelé les Québécois à participer à une "grande manifestation" organisée à Montréal mardi prochain. Si la position ferme adoptée depuis le début du conflit par Jean Charest face aux étudiants n'avait jusqu'ici pas nui à sa cote de popularité, les moyens qu'il a fini par choisir pour y mettre fin ont provoqué une levée de boucliers.
Le conflit a été déclenché début février par l'annonce d'une hausse progressive des droits de scolarité, apparemment acceptée par une partie de la société québécoise, mais refusée par les organisations étudiantes. La dernière version de cette réforme prévoit une augmentation de 82% des droits de scolarité à l'université, soit 1780 dollars sur sept ans, au lieu de cinq ans initialement, pour arriver à près de 4000 dollars par an, plus près de la moyenne nord-américaine.
Cocktails Molotov à Montréal
Des cocktails Molotov ont été lancés vendredi soir à Montréal lors d'une manifestation de plusieurs milliers de personnes, a annoncé la police qui a aussitôt déclaré la marche illégale. Auparavant, entre 3000 et 5000 personnes avaient parcouru calmement le centre de la ville. Peu avant 22h00 locales (04h00 en Suisse) des incidents ont été signalés avec notamment des jets de projectiles contre les policiers. Plusieurs rues du centre ainsi qu'une autoroute urbaine ont été fermées à la suite des jets de cocktails Molotov.
Une autre manifestation s'est déroulée vendredi soir dans le calme à Québec avec la participation de certains leaders étudiants. Ceux-ci ont dénoncé la loi et les limitations de la liberté d'expression qu'elle impose, selon eux.
agences/pbug
Grosses amendes
Le texte doit rester en vigueur jusqu'en juillet 2013. Il restreint le droit de manifester sans accord préalable de la police, qui doit être informée huit heures à l'avance, et interdit tout rassemblement à moins de 50 mètres des établissements scolaires.
Les organisateurs de manifestations destinées à empêcher le fonctionnement normal des universités s'exposeront désormais à une amende de 1000 à 5000 dollars par jour pour une personne, et de 25'000 à 125'000 dollars par jour pour une organisation, et le double en cas de récidive.