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Anonymous s'immisce dans le conflit estudiantin au Québec

Manifestants portant le masque d'Anonymous. [Valery Hache]
Le collectif informatique soutient le mouvement contre la hausse des droits de scolarité. - [Valery Hache]
Le collectif informatique Anonymous a fait son entrée dans le conflit estudiantin au Québec en bloquant des sites gouvernementaux, alors que les manifestations continuent à Montréal.

Le collectif informatique Anonymous s'est immiscé lundi dans le conflit estudiantin au Québec. En début de journée, le groupe de hackers a revendiqué le blocage de plusieurs sites gouvernementaux au Québec dans le cadre d'une opération destinée à soutenir le mouvement contre la hausse des droits de scolarité étudiant. Le collectif a annoncé cette action, baptisée "Opération Québec", sur Twitter, via un message vidéo mettant en scène un homme masqué avec une voix numérique qui met en garde le gouvernement québécois.

"Nous apprenons que vous tentez d'étouffer des manifestations étudiantes en votant des lois visant à empêcher leur déroulement", dit l'homme masqué, en concluant: "Nous sommes Anonymous, nous sommes Légions, nous n'oublions pas, nous ne pardonnons pas, redoutez-nous!". Toute la journée de lundi, une douzaine de sites internet du gouvernement sont restés inaccessibles, notamment ceux du ministère de l'Education et de la Sécurité publique du Québec.

L'action du groupe vise à soutenir le mouvement de protestation des étudiants. Anonymous est un groupe informatique militant se présentant comme des défenseurs du droit à la liberté d'expression. Fin 2010, Anonymous s'était attaqué aux sites Amazon, Visa, MasterCard et PayPal pour dénoncer leurs décisions d'arrêter de travailler avec le site internet WikiLeaks.

La loi spéciale au centre des débats

L'un des trois syndicats étudiants du Québec à la tête du mouvement de protestation contre la hausse des droits de scolarité voulue par le gouvernement a annoncé lundi son refus de se soumettre à la loi spéciale votée juste avant le week-end, selon un communiqué de l'organisation. Il s'agit de la CLASSE (Coalition large de l'association pour une solidarité syndicale étudiante), le plus radical des trois. (Lire: Le gouvernement québécois durcit le ton face aux étudiants)

"Si obéir à cette loi (spéciale) injuste équivaut à renoncer à nos droits, nous ne le ferons pas", déclare Gabriel Nadeau-Dubois, l'un des porte-parole de la CLASSE. "Si ces pratiques nous valent des poursuites pénales, nous ferons face à ces poursuites", ajoute-t-il dans le communiqué. La loi spéciale votée vendredi à l'initiative de la ministre de l'Education du gouvernement libéral (centre droit) de Jean Charest, Michelle Courchesne, prévoit une suspension des cours jusqu'au mois d'août, une façon de casser le mouvement de grève qui dure depuis plus de trois mois.

afp/gchi

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Conflit plus violent et plus politique

La contestation estudiantine a pris une autre tournure, plus violente et plus politique, depuis le vote de la loi spéciale vendredi. Car, en plus d'imposer de fortes restrictions à la liberté de manifester, elle interdit pratiquement les piquets de grève dont l'organisation est désormais passible de 1000 à 125'000 dollars d'amende (75 à 95'000 euros environ).

La CLASSE (Coalition large de l'association pour une solidarité syndicale étudiante) s'est jointe aux autres organisations pour contester cette loi devant les tribunaux. Cet appel à la désobéissance est intervenu à la veille d'une grande manifestation prévue mardi à Montréal pour marquer les 100 jours du mouvement et quelques heures avant la 28ème manifestation nocturne qui s'est déroulée lundi soir et qui a une fois encore été déclarée "illégale".

Environ 3000 personnes ont défilé dans les rues de Montréal lundi soir, selon des estimations. Certains carrefours clés de la ville ont été bouclés par la police. Seules quelques altercations isolées ont émaillé la marche.