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Manifestation géante au Québec pour les cent jours du conflit étudiant

Des dizaines de milliers de Québécois marquent les cent jours du conflit étudiant, le 22 mai 2012. [Samuel Chambaud]
Des dizaines de milliers de Québécois marquent les cent jours du conflit étudiant, le 22 mai 2012. - [Samuel Chambaud]
Des dizaines de milliers de personnes étaient réunies mardi au centre de Montréal pour participer à une manifestation marquant le centième jour du conflit étudiant au Québec.

Des dizaines de milliers de personnes étaient de nouveau réunies mardi au centre de Montréal pour participer à une manifestation géante marquant le centième jour du conflit étudiant au Québec. Au total, l'affluence pourrait dépasser les 100'000 personnes.

Rassemblés dans une atmosphère bon-enfant, les manifestants, des étudiants et des syndicalistes mais aussi des gens de tous horizons, comptaient à la fois protester contre la hausse de plus de 80% des frais de scolarité, et dénoncer la loi spéciale adoptée vendredi dernier par le gouvernement du Québec, qui restreint le droit de manifester (lire Le gouvernement québécois durcit le ton face aux étudiants).

Tentative de mettre fin au mouvement

Le gouvernement du Québec a adopté vendredi dernier une loi spéciale pour mettre un terme au mouvement étudiant historique. Le texte oblige notamment les organisateurs de manifestations de plus de 50 personnes à soumettre à la police, au moins huit heures à l'avance, la trajectoire du rassemblement, au risque de lourdes amendes pour les contrevenants.

"On déplore que le gouvernement ait choisi la voie de la répression plutôt que la voie de la négociation", a déclaré l'un des dirigeants étudiants, Léo Bureau-Blouin. "Pour s'assurer cependant que les gens puissent manifester en toute légalité (...), on a donné un trajet (à la police) qu'on va demander aux gens qui nous suivent de respecter pour permettre aux citoyens de manifester en toute sécurité", a-t-il ajouté.

Loi "conforme à la constitution"

De son côté, le ministre québécois de la Sécurité publique, Robert Dutil, a défendu mardi la loi, affirmant qu'elle était conforme à la constitution. "En France il faut un permis 20 jours à l'avance, à Londres un avis six jours à l'avance, à Genève 30 jours à l'avance", a commenté Robert Dutil. "La loi 78 n'empêche pas les manifestations, elle est là pour les encadrer", a-t-il ajouté.

Le ministre a en outre souligné que la loi était tout à fait "conforme" à la charte canadienne des droits et libertés, qui prévoit que ces derniers ne peuvent être restreints que par "une règle de droit dans des limites qui soient raisonnables et dont la justification puisse se démontrer dans le cadre d'une société libre et démocratique".

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La société québécoise divisée

Un sondage publié mardi montre que si 51% de la population est d'accord avec la hausse des droits de scolarité, 53% d'entre elle estime en revanche que la loi d'exception "est beaucoup trop sévère" et 73% qu'elle ne contribuera pas au rétablissement de la paix sociale.

La majorité appelle à une reprise du dialogue entre le gouvernement et les étudiants. Des syndicats et des organisations ont annoncé leur intention de contester devant les tribunaux la loi, qui doit rester en vigueur jusqu'au 1er juillet 2013, mais cette procédure pourrait prendre plusieurs années avant d'aboutir.

La Classe, la plus radicale des organisations étudiantes en grève, a été plus directe: elle a non seulement appelé à désobéir à la loi mais a également invité les objecteurs à se porter volontaires pour des interpellations sur le site "arretezmoiquelquun.com". Plus de 3000 personnes avaient donné leur nom mardi matin.

Premières arrestations

Trente-six contestataires, pour la plupart des étudiants, ont été interpellés dans la nuit de lundi à mardi à Sherbrooke, a annoncé la police locale.

Ces manifestants sont les premières personnes arrêtées en vertu de la nouvelle loi spéciale limitant la liberté de manifester au Québec.

Un porte-parole de la police de Sherbrooke, dans le sud de la province canadienne, a indiqué qu'ils risquent "entre mille et cinq mille dollars" d'amende.