Plus de 90 civils, dont 25 enfants, ont été tués depuis vendredi dans des bombardements de l'armée contre la région de Houla, une ville du centre de la Syrie, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) samedi. Le Conseil national syrien (CNS), qui regroupe l'opposition au régime syrien, a avancé quant à lui le chiffre de 110 morts à Houla.
"C'est un véritable massacre qui a lieu alors que les observateurs de l'ONU maintiennent le silence", a dénoncé le chef de l'OSDH Rami Abdel Rahmane. "On parle depuis midi de bombardements et aucun des observateurs basés à Homs n'a bougé", a-t-il ajouté s'interrogeant sur le rôle des observateurs déployés depuis avril pour surveiller le cessez-le-feu.
Ces derniers se sont finalement rendus samedi dans la région de Houla. Ils n'était toutefois pas joignables dans l'immédiat pour commenter les massacres dénoncés par l'opposition syrienne.
Des blindés à Alep
Hormis ces bombardements meurtriers, la répression du régime de Bachar al-Assad a fait de nombreuses autres victimes dans le reste du pays vendredi.
A l'écart de la contestation pendant les premiers mois de la révolte contre le régime du président Bachar al-Assad, Alep (nord) a été vendredi le théâtre de manifestations rassemblant des dizaines de milliers de personnes. Des blindés de l'armée sont entrés pour la première fois dans les rues d'Alep.
Dans la province d'Idleb (nord-ouest), "des dizaines de milliers" de manifestants ont également défilé dans plusieurs localités tenues par les rebelles, a indiqué Abdel Rahmane. Malgré les bombardements et les tirs, des milliers de manifestants ont également défilé dans les régions de Homs, Hama (centre), Deir Ezzor (est) et Deraa, berceau de la contestation dans le sud.
Intensifier la lutte
L'OSDH a également fait état de plusieurs manifestations dans la capitale Damas et sa banlieue. Dans l'après-midi, les forces de l'ordre ont tiré des lacrymogènes pour disperser des manifestants dans le quartier historique de Midane.
Dans le nord du pays, à la frontière avec la Turquie, des hélicoptères des forces gouvernementales ont mené pour la premières fois des raids sur les zones rebelles kurdes, a indiqué l'OSDH, faisant état d'une vingtaine de blessés parmi les habitants.
Les militants pro-démocratie avaient appelé à manifester vendredi sous le slogan "Notre prochain rendez-vous, Damas", appelant à intensifier le mouvement dans la capitale, quadrillée par les agents de sécurité.
agences/olhor
Kofi Annan va retourner en Syrie
Alors que la trêve annoncée il y a plus d'un mois est quotidiennement violée, l'émissaire spécial des Nations unies et de la Ligue arabe Kofi Annan a décidé de se rendre prochainement en Syrie. La date de la visite n'a pas été dévoilée, pour des raisons de sécurité. Le début de la semaine prochaine est évoqué.
De son côté, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a affirmé que les opposants au régime de Bachar al-Assad contrôlaient désormais des parts "importantes" de certaines villes en Syrie où le risque d'un conflit à grande échelle s'accroît.
Les efforts des Nations unies pour résoudre la crise ont connu de "faibles avancées" et les observateurs de l'ONU en Syrie ont observé des "destructions matérielles considérables" dans le pays.
12'000 victimes depuis le début de la révolte
Depuis le début de la révolte, les localités et quartiers périphériques de Damas sont à la pointe de la contestation tandis que le centre reste peu touché, la répression y étant particulièrement importante.
Selon l'OSDH, plus de 12'000 personnes ont péri en Syrie depuis le début de la révolte anti-régime, en majorité des civils tués par les forces gouvernementales.
Dans un rapport publié jeudi, les enquêteurs mandatés par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU accusent l'armée et les services de sécurité de commettre "la plupart des violations graves des droits de l'Homme" et de poursuivre la pratique de la torture, y compris sur des enfants.