Casseroles, saladiers, boîtes de conserve, poêles à frire, tout était bon à prendre vendredi soir dans les rues de Montréal, malgré la pluie battante, pour manifester dans le bruit l'opposition à la hausse des frais de scolarité et à la loi spéciale du gouvernement québécois.
"La loi spéciale, on s'en câlisse!", scandaient en choeur quelque 2000 protestataires qui s'étaient retrouvés dans le centre de la ville pour leur 32e manifestation de nuit consécutive. Malgré une pluie torrentielle, ces derniers marchaient en tapant sur leurs casseroles, la plupart trempés de la tête aux pieds, beaucoup en simples shorts et sandales.
La manifestation avait été déclarée illégale par les forces de l'ordre. Mais les forces de l'ordre la toléraient malgré tout tant que celle-ci ne dégénérait pas. Après presque cinq heures de manifestation, la police municipale a indiqué que tout s'était déroulé dans le calme et qu'aucune arrestation confirmée n'était à déplorer.
Recours en justice
Ce nouveau défilé nocturne intervient alors que le conflit sur les droits de scolarité au Québec a pris vendredi une tournure juridique avec le dépôt par les étudiants de deux recours en justice contre la loi spéciale adoptée le 18 mai et qui limite selon eux la liberté d'expression et d'association.
Quelque 140 personnes issues de 25 organisations estudiantines, environnementales et syndicales, ainsi que des groupes communautaires et des associations d'artistes ont présenté ces requêtes devant la Cour supérieure du Québec.
"Cette loi ignoble a pour effet de museler, d'écraser, de contrôler et de dominer le mouvement étudiant et d'autres groupes qui souhaitent s'exprimer publiquement", ont-elles précisé dans une déclaration commune.
Mille arrestations
Aux yeux du gouvernement de centre-droit de Jean Charest, la loi en question est destinée à encadrer la liberté de manifester pour garantir l'accès aux établissements universitaires des étudiants non grévistes, souvent bloqués par des piquets de grève.
Elle impose aussi aux manifestants de communiquer à la police leur itinéraire huit heures à l'avance, prévoit des amendes très élevées pour les contrevenants et vise à mettre un terme au conflit étudiant qui dure depuis plus de 100 jours.
Depuis son adoption, plus de 1000 personnes ont été arrêtées au Québec. Paradoxalement, aucune de ces interpellations n'a été faite en vertu de cette loi mais plutôt en application de règlements municipaux.
afp/dk