Aucun cardinal n'est suspecté dans le cadre des fuites de documents secrets du Saint-Siège, a affirmé lundi le parte-parole du Vatican en réponse aux informations de presse affirmant qu'un cardinal figure parmi les taupes à l'origine de ces fuites.
"Je démens de façon catégorique. Aucun cardinal n'est suspecté (...) ni italien ni étranger", a déclaré la père Federico Lombardi lors d'une déclaration à la presse.
Le pape est "bien évidemment informé" des développements de cette affaire qui a conduit à l'arrestation de son majordome, et est "conscient qu'il s'agit d'une situation délicate que traverse la Curie", a encore affirmé le porte-parole. La ligne souhaitée par le pape est "la transparence", a-t-il dit.
Le majordome n'aurait pas agi seul, selon la presse
La commission de cardinaux mise en place par le pape pour enquêter sur cette affaire "continue ses travaux, mène ses entretiens dans les temps requis par l'enquête et n'a pas l'intention de se laisser conditionner par la pression médiatique", a-t-il encore affirmé.
"Un cardinal a guidé le corbeau", a titré lundi matin le quotidien romain Il Messaggero, tandis que le grand journal milanais Corriere della Sera a fait sa manchette avec le titre: "un cardinal parmi les corbeaux".
La gendarmerie vaticane avait arrêté le majordome du pape et trouvé des documents confidentiels à son domicile, un mois environ après la création de la commission d'enquête chargée d'élucider l'affaire des fuites qui secouent le petit Etat depuis le mois de janvier.
Il n'aurait pas agi seul et plusieurs médias vont jusqu'à affirmer qu'une vingtaine de personnes pourraient avoir passé des documents à l'extérieur du Vatican.
Le livre du scandale
Un livre publié il y a huit jours en Italie contient un nombre sans précédent de documents confidentiels illustrant de nombreux débats internes, par exemple sur la situation fiscale de l'Eglise et divers scandales, comme la pédophilie qui a affecté le mouvement des Légionnaires du Christ.
Ces documents n'apportent pas de grandes surprises, mais révèlent les venins et les rancoeurs entre divers cardinaux et autorités, les uns accusant les autres et s'en remettant au pape, l'assurant de leur loyauté.
Un de ces "corbeaux" anonymes, interrogé par le quotidien La Repubblica, estime que celui qui est à l'origine de la fuite organisée "agit en faveur du pape". "Parce que le but des corbeaux est de révéler la corruption qu'il y a dans l'Eglise ces dernières années". "Les vrais cerveaux sont des cardinaux. Et puis il y a des monseigneurs, des secrétaires et des plus petits poissons", ajoute-t-il.
apf/olhor
Typologie des taupes et "Vatileaks"
Parmi les taupes, "il y a ceux qui s'opposent au cardinal secrétaire d'Etat Tarcisio Bertone, ceux qui pensent que Benoît XVI est trop faible pour diriger l'Eglise, et ceux qui pensent que c'est le moment opportun de se mettre en avant", affirme la même source anonyme.
Selon cette taupe citée par Repubblica, le pape a été très affecté par l'éviction jeudi du président de la banque du Vatican IOR, Ettore Gotti Tedeschi, qu'il apprécie beaucoup: "il s'est mis à pleurer", puis "s'est mis en colère et a réagi: la vérité sortira au grand jour", a-t-il martelé, selon cette source.
Ettore Gotti Tedeschi a été limogé pour sa gestion, mais aussi, selon des sources informées, parce que soupçonné d'avoir diffusé en dehors du Vatican certains documents regardant sa banque.
Les vaticanistes italiens avaient relevé ce week-end que le majordome, un homme qui s'est toujours montré très attaché au pape, ne semblait pas avoir été en mesure d'orchestrer tout seul cette fuite organisée de documents baptisée "Vatileaks".