Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a demandé vendredi à Genève une enquête spéciale, complète et indépendante sur le massacre commis à Houla, en Syrie, afin d'en identifier les responsables en vue de poursuites. La résolution a été adoptée par 41 voix contre trois (Russie, Chine, Cuba) et deux abstentions.
Tout en condamnant les violations en Syrie, la Russie a demandé un vote en expliquant que le texte de la résolution était déséquilibré faute, en particulier, de condamnation du terrorisme. Cuba a soutenu la position de Moscou, alors que la Chine a affirmé que le texte préjuge des résultats de l'enquête et "ne sert pas la recherche d'une solution politique" en Syrie.
La Suisse a voté pour. La résolution présentée par le Qatar condamne de la manière la plus ferme "l'utilisation scandaleuse de la force contre des civils, en violation du droit international, dont l'assassinat de 49 enfants, tous de moins de dix ans" à Houla la semaine dernière.
Miliciens pro-régime
La Syrie a rejeté jeudi en bloc les soupçons pesant sur le régime quant à sa responsabilité dans le massacre de Houla et balayé les propos du secrétaire général de l'ONU qui a mis en garde contre une "guerre civile catastrophique" dans le pays. De leur côté, les opposants au régime syrien ont appelé à manifester vendredi en hommage aux 49 enfants tués à Houla le 25 mai.
Selon le chef de la commission justice-armée, les résultats préliminaires de l'enquête menée par les autorités syriennes ont mis en cause des "groupes armés" dans cette tuerie qui a fait 108 morts au total. Un haut responsable de l'ONU a affirmé mardi avoir de "forts soupçons" sur l'implication des "chabbiha", des miliciens pro-régime, dans le massacre de Houla.
Ultimatum
Le commandement intérieur de l'Armée syrienne libre a donné jusqu'à vendredi midi au régime pour appliquer le plan de paix de l'émissaire international Kofi Annan, qui prévoit un arrêt des violences, à défaut de quoi elle ne sera plus tenue par cette initiative qui suscite des doutes grandissants.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a mis en garde contre le risque d'une "guerre civile catastrophique" après le massacre de Houla. Le régime syrien, par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères Jihad Makdissi, a regretté "que le secrétaire général des Nations unies se soit départi de sa mission de maintien de la paix et de la sécurité dans le monde, pour devenir un annonciateur de guerres civiles".
afp/hof/rber
La Suisse demande que Damas réponde de ses crimes devant la Cour pénale internationale
La Suisse a demandé vendredi au Conseil de sécurité de l'ONU de déférer immédiatement la situation en Syrie à la Cour pénale internationale (CPI). La CPI est l'institution compétente pour juger des crimes contre l'humanité, a affirmé l'ambassadeur de Suisse à l'ONU.
"Les auteurs des crimes commis en Syrie, exécutants comme donneurs d'ordre, partisans du gouvernement comme opposants, doivent savoir qu'ils devront répondre de leurs actes devant la justice", a déclaré l'ambassadeur Alexandre Fasel devant le Conseil des droits de l'homme, réuni à Genève en session extraordinaire.
La Mission d'observateurs de l'ONU "à effectif plein"
La Mission de supervision de l'ONU en Syrie (MISNUS) est désormais "à effectif plein" avec près de 300 observateurs sur place, a indiqué vendredi un porte-parole de l'ONU. Les observateurs sont déjà présents dans huit villes de Syrie et le seront bientôt dans onze.
Les observateurs qui circulent dans des véhicules blindés sont régulièrement la cible de tirs - au moins à deux reprises la semaine dernière - et deux bombes artisanales ont déjà explosé au passage de leurs convois, sans faire de blessé.
Les Etats-Unis ont déjà menacé de ne pas renouveler le mandat de la MISNUS au delà de son terme le 20 juin.