Près de 21 millions de personnes sont victimes du travail forcé dans le monde, a affirmé vendredi le Bureau international du travail (BIT). Le plus grand nombre se trouvent en Asie, devant l'Afrique et l'Amérique latine.
"Ces personnes sont prises au piège d'emplois qui leur ont été imposés par la contrainte ou la tromperie et qu'elles ne peuvent quitter. Les poursuites contre les responsables sont inadéquates", a dénoncé le directeur exécutif du BIT Guy Ryder, et futur directeur général de l'organisation, en présentant le rapport à Genève.
Une estimation supérieure à la précédente
Sur les 20,9 millions de travailleurs forcés, le 90% sont exploités dans l'économie privée par des individus ou des entreprises, les autres par des Etats. Le quart ont moins de 18 ans. Le 22% sont victimes d'exploitation sexuelle. Le 68% sont des victimes du travail forcé dans l'agriculture, la construction, le travail domestique ou la production manufacturière.
Cette nouvelle estimation du BIT est supérieure à la précédente, datant de 2005, qui mentionnait 12,3 millions de victimes dans le monde. Toutefois, la comparaison n'est pas possible, car une autre méthodologie a été utilisée cette année et la hausse du nombre des victimes peut seulement refléter le plus grand nombre de cas reportés, a précisé la responsable de l'étude Beate Andrees.
Inde, Pakistan et Brésil sont les pays les plus touchés par ce fléau
Par région, l'Asie compte le plus grand nombre de travailleurs forcés dans le monde, soit 56% de l'effectif global. Le deuxième contingent est en Afrique (18%), suivi par l'Amérique latine (9%). Les pays industrialisés, dont l'Union européenne, abritent 1,5 million de victimes (7%), surtout parmi les migrants. Les pays d'Europe centrale et du sud-est et de la Communauté des Etats indépendants (CEI) en recensent 1,6 million. Le BIT évalue à 600'000 les victimes au Moyen-orient (3%).
Par pays, l'Inde et le Pakistan, mais aussi le Brésil, sont les plus touchés par ce fléau, a précisé Beate Andrees. Le travail forcé désigne des situations dans lesquelles les personnes impliquées doivent travailler contre leur gré, contraints par leur recruteur ou leur employeur, par exemple en utilisant la violence, ou par des moyens plus subtils comme le surendettement, la confiscation des papiers d'identité ou des menaces de dénonciation. Le travail forcé est un crime qui doit être puni par des sanctions proportionnelles à la gravité du délit, rappelle le BIT.
ats/hof