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Le nouveau président serbe réfute le terme de génocide pour Srebrenica

Les déclarations du nouveau président serbe ont soulevé une vague d'indignation dans les Balkans. [Darko Vojinovic]
Les déclarations du nouveau président serbe ont soulevé une vague d'indignation dans les Balkans. - [Darko Vojinovic]
Le nouveau président serbe Tomislav Nikolic a réfuté le qualificatif de "génocide" pour le massacre commis par les forces serbes en 1995 à Srebrenica, en Bosnie, et ravivé les craintes d'un retour à la rhétorique ultranationaliste dans les Balkans.

Dans un interview diffusée par la télévision monténégrine quelques heures avant sa prestation de serment jeudi, le nouveau président serbe Tomislav Nikolic a déclaré que le meurtre de quelque 8000 Musulmans à Srebrenica n'était pas un génocide, admettant toutefois qu'il s'agissait d'un "grand crime" de guerre.

Cette remarque a aussitôt soulevé des doutes dans la région sur la sincérité de sa rupture avec son passé ultranationaliste. Le leader musulman de Bosnie, Bakir Izetbegovic, a vivement déploré ces propos, "source de nouvelles tensions".

Fragile réconciliation

"Tomislav Nikolic montre qu'il n'a pas compris quel était le devoir du président d'un pays qui aspire à devenir membre de l'UE", a fait valoir la militante serbe pour les droits de l'Homme, Natasa Kandic.

"Il faut avant tout reconnaître les verdicts des tribunaux internationaux qui ont sans équivoque déterminé qu'un génocide a été commis à Srebrenica", a-t-elle ajouté.

"Dans cette région, les fantômes du passé hantent toujours et vont hanter Tomislav Nikolic comme une ombre", a fait valoir l'analyste serbe bosnienne, Tanja Topic.

La réconciliation fragile entre les anciens ennemis dans les Balkans progressivement bâtie pendant le mandat de huit ans du prédécesseur de Tomislav Nikolic, Boris Tadic, pourrait ainsi être mise à mal.

afp/mre

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Un ultranationaliste reconverti

Avant de créer son propre parti en 2008, Tomislav Nikolic - ancien allié du défunt homme fort de Belgrade, Slobodan Milosevic - était le bras droit de l'ultranationaliste Vojislav Seselj, actuellement jugé pour crimes de guerre par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY).

Tomislav Nikolic a assuré s'être depuis reconverti en un nationaliste conservateur pro-européen.

Tomislav Tadic, tout en évitant d'employer le terme génocide, s'était excusé auprès des victimes de Srebrenica lorsqu'il s'y est rendu en 2005 pour la commémoration du massacre, l'épisode le plus sanglant de la guerre en Bosnie (1992-95).

Il a également participé à la cérémonie en 2010.