Au premier jour de sa visite d'Etat qui s'achèvera jeudi, Vladimir Poutine a été reçu par son homologue chinois, Hu Jintao, au Grand Palais du peuple de la capitale chinoise. "Les intérêts de nos deux pays coïncident dans de nombreux domaines importants", s'est félicité le chef de l'Etat russe alors que les deux dirigeants devaient coordonner leur position sur les violences en Syrie et le programme nucléaire iranien.
Départ d'Assad pas exclu
Vladimir Poutine a affirmé que la Chine et la Russie allaient renforcer leur alliance cruciale, notamment à l'ONU où les deux puissances s'opposent aux efforts du Conseil de sécurité pour sanctionner le régime de Damas. "Nous avons l'intention de renforcer notre coopération dans le cadre des grandes organisations internationales: ONU, G20, BRICS (groupe des grandes puissances émergentes) et OCS (Organisation de coopération de Shanghai)", a-t-il ajouté.
Sur le dossier syrien, la Russie s'est cependant montrée mardi ouverte à un départ du pouvoir du président Bachar al-Assad, réclamé par l'opposition. "Nous n'avons jamais dit ou posé comme condition qu'Assad devait nécessairement rester au pouvoir à la fin du processus politique", a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères Guennadi Gatilov.
La Russie et la Chine, alliées de Damas, sont opposées à toute intervention armée en Syrie, ainsi qu'au renversement par la force du président Assad. Elles ont opposé leur veto à deux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant le régime syrien pour la répression de la révolte lancée en mars 2011.
Coopération politique et économique
Vladimir Poutine doit participer mercredi et jeudi au sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS). Il rencontrera à cette occasion son homologue iranien Mahmoud Ahmadinejad, alors que les tensions sur le programme nucléaire de Téhéran restent vives. Après son refus de se rendre à la mi-mai à un sommet du G8, puis de l'OTAN, aux Etats-Unis, la décision de Vladimir Poutine de participer à celui de l'OCS revêt un caractère symbolique.
Sur le plan économique, la coopération entre les deux puissances se développe d'abord dans le domaine des hydrocarbures: la Russie est le premier producteur mondial de pétrole et la Chine le premier consommateur d'énergie. Moscou et Pékin négocient depuis des années la signature d'un contrat qui prévoit des livraisons de gaz russe à la Chine de quelque 70 milliards de mètres cubes par an sur les trente prochaines années.
Par ailleurs, selon des médias russes, les deux pays veulent s'associer afin de développer des avions long-courriers qui viendraient concurrencer les géants Airbus et Boeing. Une annonce pourrait intervenir lors de la visite de Vladimir Poutine. Moscou et Pékin ont aussi annoncé en avril la création d'ici fin juin d'un fonds d'investissement commun doté de jusqu'à 4 milliards de dollars, destiné notamment à développer l'agriculture et les transports.
agences/dk
Syrie: un accès humanitaire accordé à l'ONU, alors que les violences se poursuivent
L'ONU et la Syrie ont signé un accord pour faciliter l'accès des organisations humanitaires. L'ONU poura établir une présence dans quatre villes syriennes, Deraa, Homs, Idlib et Deir al-Zor. Neuf agences de l'ONU et sept ONG sont concernées.
Plus d'un million de Syriens ont besoin d'une aide humanitaire en Syrie et les besoins augmentent chaque jour. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a distribué de l'aide à 250'000 personnes jusqu'à la mi-mai et veut atteindre jusqu'à 500'000 personnes d'ici la mi-juin.
Cette annonce intervient alors que les violences sont quotidiennes en Syrie. Quarante-sept personnes, dont 24 membres des forces gouvernementales, ont été tuées mardi en Syrie dans les violences, essentiellement dans des combats entre armée et rebelles, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
Pendant le week-end, près de 80 soldats de l'armée régulière avaient péri dans les combats avec les insurgés en Syrie, théâtre d'une révolte sans précédent contre le régime de Bachar al-Assad depuis mars 2011.
Plusieurs diplomates étrangers "expulsés"
La Syrie a déclaré mardi "persona non grata" les ambassadeurs de plusieurs pays occidentaux, dont les Etats-Unis et la Suisse, qui ne se trouvent pas actuellement sur le sol syrien. Cette décision est une "riposte" au renvoi des ambassadeurs syriens, a annoncé le ministère syrien des Affaires étrangères.
Le massacre de Houla - ville du centre de la Syrie où 108 personnes dont 49 enfants, ont été tués le 25 mai - a provoqué l'indignation de la communauté internationale, conduisant de nombreux pays, comme la France, les Etats-Unis et le Japon, à expulser des représentants diplomatiques syriens dans leur capitale.
L'OCS en bref
L'Organisation de coopération de Shanghai est censée faire contrepoids à l'influence américaine en Asie centrale.
Elle regroupe la Russie, la Chine et quatre ex-républiques soviétiques, le Kazakhstan, l'Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Kirghizstan.
L'Iran, l'Inde, la Mongolie et le Pakistan ont quant à eux le rang d'observateurs à l'OCS.
Didier Burkhalter rencontre Kofi Annan
Le conseiller fédéral Didier Burkhalter a assuré mardi à Genève Kofi Annan du soutien de la Suisse à son plan de paix. Lors d'un entretien avec l'ex-secrétaire général de l'ONU, le chef du DFAE a insisté sur la défense des droits de l'homme et la lutte contre l'impunité.
L'émissaire spécial de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie a rendu compte des résultats de son voyage à Damas et dans la région, a indiqué le porte-parole du Département fédéral des Affaires étrangères (DFAE) Jean-Marc Crevoisier au terme de l'entretien de 35 minutes.