Au Caire, des milliers d'Egyptiens se sont rassemblés mardi sur la célèbre place Tahrir, vers laquelle des cortèges ont continué de converger en début de soirée. Les manifestants protestaient contre le verdict dans le procès de l'ancien raïs Hosni Moubarak. Des rassemblements étaient également signalés à Alexandrie (nord), dans les grandes villes le long du canal de Suez (Suez, Port-Saïd, Ismaïliya) ou encore à Assiout (sud).
Les polémiques autour de ce procès ont encore alourdi l'atmosphère politique à l'approche du second tour de la présidentielle, les 16 et 17 juin, pour lequel s'affrontent un candidat des Frères musulmans, Mohammed Morsi, et Ahmad Chafiq, dernier Premier ministre de Hosni Moubarak.
Nombreux acquittements
Les appels à manifester ont été lancés par des organisations de jeunes laïques pro-démocratie et certains candidats à la présidence éliminés au premier tour. Le puissant mouvement des Frères musulmans s'y est associé au nom du rejet commun du verdict, malgré des positions politiques éloignées de celles des formations et personnalités laïques ou islamistes modérées appelant à la mobilisation.
Hosni Moubarak et son ancien ministre de l'Intérieur, Habib al-Adli - passibles de la peine capitale - ont été condamnés à la perpétuité. Six hauts responsables de la police également poursuivis pour meurtres après la mort d'environ 850 personnes pendant la révolte début 2011 ont eux été acquittés. Les charges pour corruption qui pesaient sur l'ex-raïs et ses deux fils, Alaa et Gamal, n'ont par ailleurs pas été retenues.
Moubarak en dépression
Le parquet a annoncé qu'il ferait appel mais, selon une source judiciaire, ce processus pourrait prendre plusieurs semaines. Malgré la détention à vie prononcée contre Hosni Moubarak, ce verdict est considéré par de nombreux Egyptiens comme une forme de quitus pour certaines pratiques très décriées de son régime, qu'il s'agisse de la brutalité de la police ou la corruption.
Selon les services de sécurité et un de ses avocats, l'ancien chef d'Etat, âgé de 84 ans, fait une "dépression nerveuse" dans la prison du sud du Caire où il a été placé samedi. Les informations sur sa santé, souvent partielles ou contradictoires, sont toutefois vues avec suspicion par beaucoup d'Egyptiens.
afp/dk
Appels à la poursuite de la "révolution"
Deux candidats à la présidentielle éliminés au premier tour, le nationaliste de gauche Hamdeen Sabbahi et l'islamiste modéré Abdel Moneim Aboul Foutouh, ont appelé lundi la poursuite de la "révolution".
Ils ont aussi demandé une suspension du second tour de la présidentielle , en attendant que la cour constitutionnelle clarifie la situation de Ahmad Chafiq, en principe frappé par une loi interdisant aux anciens hauts responsables du régime Moubarak de se présenter.
Mais Ahmad Chafiq a appelé "tout le monde à respecter la légalité provenant des urnes" sur la chaîne égyptienne CBC.