Le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon a indiqué jeudi que des observateurs de l'ONU qui tentaient de se rendre sur le lieu du dernier massacre en Syrie près de Hama (centre) avaient été la cible de "tirs à l'arme légère".
"Les observateurs de l'ONU ont d'abord été interdits d'accès. Ils s'efforcent maintenant de se rendre sur les lieux et je viens d'apprendre il y a quelques minutes qu'on leur a tiré dessus à l'arme légère", a-t-il déclaré.
Bachar al-Assad a "perdu toute légitimité"
Ban Ki-moon, qui s'adressait à l'Assemblée générale de l'ONU, n'a pas fait état de blessés parmi les observateurs. Il a qualifié de "scandaleux et révoltant" le massacre perpétré mercredi dans deux villages proches de Hama, Al-Koubeir et Maarzaf.
"Depuis des mois, il est évident que Bachar al-Assad a perdu toute légitimité", a-t-il affirmé, appelant Damas à "appliquer immédiatement et sans condition le plan" de paix du médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie Kofi Annan. Celui-ci doit s'adresser lui aussi à l'Assemblée générale puis au Conseil de sécurité.
Danger d'une guerre civile
Ban Ki-moon a par ailleurs souligné "le danger d'une guerre civile totale" en Syrie, estimant que la situation dans le pays "continue de se détériorer". Il a également appelé "tous les pays membres (de l'ONU) à faire pression" sur Damas. "Il est temps pour la communauté internationale d'agir de manière concertée", a-t-il ajouté.
Mercredi, l'opposition syrienne a dénoncé un "massacre" perpétré par les forces du régime et ses milices à Al-Koubeir et Maarzaf. L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) parle de 55 morts, dont de nombreux enfants. Le Conseil national syrien (CNS), la principale coalition de l'opposition au régime de Bachar al-Assad, en déplore près de 80.
Démenti de Damas
Le gouvernement syrien a assuré jeudi que l'information relayée par quelques médias et faisant état d'un massacre à Al-Koubeir était "complètement faux". Dans un communiqué à la télévision officielle, il accuse "un groupe terroriste d'avoir commis un crime haineux dans la région de Hama qui fait neuf victimes".
Le 25 mai, au moins 108 personnes, dont une cinquantaine d'enfants, avaient péri dans un massacre à Houla, dans la province de Homs (centre). Un haut responsable de l'ONU avait affirmé avoir de "forts soupçons" sur l'implication des "chabbiha", des miliciens pro-régime. Le président Bachar al-Assad avait nié dimanche toute responsabilité dans le massacre de Houla.
agences/dk
Vives condamnations après le massacre
Moscou a condamné le nouveau massacre "barbare", jugeant qu'il s'agissait d'une "provocation" visant à faire échouer le plan de paix de l'émissaire international Kofi Annan.
La Maison Blanche a dénoncé un "affront à la dignité humaine", tandis que l'Union européenne a réclamé une "enquête totale" sur ce crime "impardonnable".
La Suisse a fait par de son inquiétude à Washington, appelant à prendre les mesures nécessaires pour lutter contre l'impunité des crimes.
Malgré ce nouveau massacre, l'organisation de Coopération de Shanghai (OCS), qui regroupe notamment la Chine et la Russie, s'est déclarée jeudi opposée "à toute intervention militaire, à l'imposition d'un changement de régime ou de sanctions unilatérales" au Moyen Orient, dont en Syrie.
Dans le même temps, 16 pays (dont les USA et des Etats européens et arabes) se sont réunis mercredi soir à Istanbul pour discuter des moyens de faire cesser la violence en Syrie et contraindre Bachar al-Assad à quitter le pouvoir.
Les Etats-Unis sont prêts à soutenir une action contraignante de l'ONU contre la Syrie, a indiqué la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton.
Des violences sur tous les fronts
Les troupes syriennes ont bombardé violemment Talbissé jeudi, semant la panique dans cette localité de la province de Homs (centre), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
L'OSDH a par ailleurs fait état de 41 morts jeudi dans les violences à travers le pays. Sur ces 41 victimes, 23 sont des civils, 15 des militaires et trois des combattants rebelles.
Plus de 13'400 personnes, des civils pour la plupart, ont péri en Syrie depuis près de 15 mois, selon l'OSDH. Les violences ont en outre entraîné la fuite de dizaines de milliers de Syriens dans les pays voisins.