Le Web dresse lundi le bilan du premier tour des législatives françaises. Premier constat incontournable, la gauche a pris une avance considérable (avec un score historiquement haut de 34,4 % des voix) l'autorisant à espérer une majorité absolue dans la future Assemblée. Les estimations de dimanche soir créditent le Parti socialiste de 275 à 319 sièges, la majorité absolue est à 289 sièges. Ce serait du jamais vu depuis 1981.
La directrice éditoriale du Huffington Post, Anne Sinclair, estime que le scrutin n'a livré que peu de surprises, et le qualifie de "très normal": "La seule incertitude était de savoir si le Président aurait une majorité pour gouverner ou non. Et bien, il ne l'a pas encore, mais dimanche prochain, il l'aura", affirme-t-elle.
"Grand chelem pour le gouvernement Ayrault?"
Le site Slate met en avant le satisfecit adressé au gouvernement de Jean-Marc Ayrault, dont "six ministres ont été élus au premier tour, et les autres sont pour la plupart en position très favorable". Le Premier ministre avait averti que les membres du gouvernement qui échoueraient aux législatives devraient démissionner, ce qui en faisait un enjeu supplémentaire du scrutin.
Pour Rue 89, qui a établi la liste des "huit leçons de la soirée", le premier enseignement du scrutin est "la majorité absolue à portée de main pour le PS". La sortie de Jean-Luc Mélenchon à Hénin-Beaumont, fief de Marine Le Pen, est le deuxième élément marquant de ce premier tour, d'après le site. L'élimination du leader du Front de Gauche pourrait permettre "l'arrivée de deux Le Pen à l'Assemblée", Marine Le Pen et sa nièce, Marion Maréchal-Le Pen.
Parmi les autres "leçons" relevées par Rue 89, le "deuxième tour très périlleux pour François Bayrou à Pau" et le face-à-face fratricide entre Ségolène Royal et un autre socialiste, Olivier Falorni, à La Rochelle. Le Monde corrobore d'ailleurs, jugeant que Ségolène Royal se trouve en "mauvaise posture".
"Aucune déclaration d'amour enflammée"
Libération estime qu'"il n'y dans ce résultat aucune déclaration d’amour enflammée à un chef de l’Etat qui (...) s’était laissé aller à se définir comme le 'Président des bisous' (...). En revanche, François Hollande n’a pas déçu. Ni chuté." Il ne s'agirait donc que d'un résultat "normal" dans la lignée d'une campagne "normale".
Le site Mediapart se veut tout aussi modéré, et note que cette victoire de la gauche s'accompagne de "plusieurs reculs": "une abstention record" (près de 43% des électeurs n'ont pas voté); "l'affaiblissement des autres forces de gauche, écologistes et Front de gauche; la disparition du centre indépendant rêvé par François Bayrou. Autant d'alarmes pour les mois qui viennent."
"Le FN donne des sueurs froides à l'UMP"
Le NouvelObs et le Huffington Post ont choisi quant à eux d'insister sur l'ancrage confirmé du Front national dans la vie politique française, et le "véritable casse-tête" qui attend le bureau de l'UMP, en séance lundi. "En cause, l'épineuse question de la position du parti dirigé par Jean-François Copé vis-à-vis du Front National", analyse le Huffington Post. Après ce premier tour, "la ligne devient plus floue" entre l'UMP et le FN, note le site collaboratif.
De son côté, Atlantico relaie le point de vue d'Eric Verhaeghe, président de l'Association pour l'emploi des cadres (APEC) qui s'interroge: "La République a-t-elle définitivement exclu le peuple ?" Et d'affirmer: "La 'gauche plurielle' fait course en tête au premier tour des législatives, mais la structure du pays semble être passée à droite. L’addition des voix de l’UMP et du Front national approche les 50 %. Une domination qui ne se traduit pas encore en nombre de sièges, et qui pose sérieusement la question de la représentativité du mode de scrutin, en particulier pour les catégories populaires."
Pauline Turuban